jeudi 24 janvier 2013

Des noeuds d'acier Sandrine Collette *****

Des Noeuds d'acier

Sandrine Collette













Editeur DENOEL  Collection Sueurs Froides                isbn 978.2.20711390.5


Sandrinne Collette    Des Noeuds d'acier




La prison n'avait pas réussi à le briser. Ces deux vieillards retirés du monde vont-ils y parvenir ??


Théo sort de prison après y avoir passé 19 mois pour avoir rendu Max son frère tétraplégique. C'était un accident. Théo a un amour : Lil.  Faut le comprendre, il n'a pas supporté que son frère couche avec sa femme, alors il a frappé et ce qui est arrivé,  est arrivé.  Mais il a payé Théo, 19 mois en prison, oui il a payé, il en a bavé de la violence carcérale et il n'en veut plus dit-il.  Sauf qu'en sortant de prison, au lieu d'aller directement retrouvé sa Lil, il a préféré rendre une visite dans la résidence de son frère pour le narguer, constater qu'il était devenu un légume sans défense, dépendant et mourant à petit feu, il jubile, il ne regrette rien.  Théo était interdit de périmètre et on constate sa présence, il s'échappe précipitamment, se sentant poursuivi, il part au milieu de nulle part.

C'est comme cela qu'il arrive chez Mme Mignon, qui tient une chambre d'hôtes au milieu de nulle part.  Il essaie de se faire oublier et se met à faire de la randonnée.  Un jour, il part sur les conseils de Madame Mignon faire une rando qui n'est pas indiquée sur la carte, pour y voir des paysages magnifiques,  et là tout bascule.

Il est au milieu de nulle part, et rencontre un vieux qui le tient en joue  dans un premier temps, il lui propose ensuite un café.  Et il se réveille enchaîné, dans le noir, dans une cave en compagnie de Luc.
Luc est là depuis 8 ans.  Le cauchemar commence...

Basile et Joshua sont 2 frères, ils occupent la maison et sont vraiment au bord du délire et de la folie.

Sandrine Collette, dont c'est le premier roman, nous emmène vraiment dans un huis clos haletant, dont l'horreur et l'angoisse progresse crescendo au fil des pages.  Impossible de déposer le livre, on a vraiment envie de savoir ce qui arrivera à Théo Béranger.  Il y a des moments d'espoir, où l'on se dit , ok il va s'en sortir et on repart de plus belle jusqu'au bout dans un magnifique suspense.

C'est pourtant au bord de l'inhumanité, rempli de tyrannie, de bestialité mais quelle plume... Ces 2 alcooliques, psychopathes nous amènent à des réflexions sur la violence, la folie.

Est également présent le questionnement sur les blessures d'enfant de Théo, la perte de sa mère très jeune, ce manque, les relations difficiles avec son frère et son père dont il avait peur.

Comment on peut s'accrocher à la vie, s'abandonner et accepter de devenir le chien de l'autre, de perdre sa dignité.

A lire sans plus attendre.

Merci à Thomas de My Boox, et son concours avec les éditions Denoël de m'avoir permis de découvrir un registre que je ne connaissais pas, de me donner envie encore et encore de découvrir et partager des auteurs avec vous.



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Quelques phrases marquantes du livre

-"Il faut que je ravale ma dignité. Même si ça passe mal."

-"Il n'y aura plus de fierté, plus rien. Juste le sentiment extrême de vivre, de tenir, de continuer."

-"Je sais depuis longtemps que la souffrance épuise. Ce que je ne sais pas, c'est si on peut en mourir."

-"On lui a dit c'est bien, le chien.  Tu vois comment c'est un chien? Aux ordres de son maître. Quand on  lui dit de faire quelque chose, il le fait. Après il se couche dans un coin et il n'emmerde personne. Voilà."

-"La terre m'attire d'une façon indéfinissable, peut-être parce que c'est la seule certitude que j'ai ; qu'un jour j'y retournerai;"

-"Jamais le lien entre le corps et l'esprit ne m'était apparu avec autant de force, jamais je n'aurai cru qu'il suffisait d'anéantir le premier pour que le second s'éteigne lui aussi.  Pour moi la force mentale primait sur tout, il suffisait de vouloir; tout cela était bon à jeter aux oubliettes. Quand on a plus la force de rien, qu'est ce qui peut encore nous sauver?"

-"Nul besoin d'un miroir : mes doigts suffisent à me renvoyer une image terrifiante.  Je ne suis plus qu'un reste d'humanité. Une entité qui ne pense qu'à manger, boire et dormir, à éviter les coups, et à se relever le lendemain.  Les vieux avaient raison. Je ne vaux pas beaucoup plus qu'un chien.  Je ne suis même pas affectueux. Je suis de la race de ces bêtes galeuses qu'on attache au bout d'une chaîne et que personne ne veut plus caresser.  Ce que je suis devenu c'est aux vieux que je le dois.  Toute  ma souffrance et toute ma déchéance, ce sont eux qui les ont faites. J'espère de toutes mes forces qu'il existe quelque chose au delà qui pourra me venger. Au nom de la haine qui me sera restée jusqu'au bout, même sans force, et sans volonté.  Un peu de justice."

-"Tout cet équilibre entre la vie et la mort tenait à un fil.  Je ne voulais pas le rompre en basculant d'un côté ou de l'autre."


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