lundi 24 juin 2013

PURGE Sofi Oksannen ****

Purge

429 pages
Date de parution: 
01/02/2012
Editeur d'origine: 
Stock
Langue: 
Français



En 1992, l’union soviétique s’effondre et la population estonienne fête le départ des Russes. Mais la vieille Aliide, elle, redoute les pillages et vit terrée dans sa maison, au fin fond des campagnes. Ainsi, lorsqu’elle trouve Zara dans son jardin, une jeune femme qui semble en grande détresse, elle hésite à lui ouvrir sa porte. Ces deux femmes vont faire connaissance, et un lourd secret de famille va se révéler, en lien avec le passé de l’occupation soviétique et l’amour qu’Aliide a ressenti pour Hans, un résistant. La vieille dame va alors décider de protéger Zara jusqu’au bout, quel qu’en soit le prix. Sofi Oksanen s’empare de l’Histoire pour bâtir une tragédie familiale envoûtante. Haletant comme un film d’Hitchcock, son roman pose plusieurs questions passionnantes : peut-on vivre dans un pays occupé sans se compromettre ? Quel jugement peut-on porter sur ces trahisons ou actes de collaboration une fois disparu le poids de la contrainte ? Des questions qui ne peuvent que résonner fortement dans la tête des lecteurs français.
PRIX DU ROMAN FNAC 2010


L'AUTEUR

Sofi Oksanen    Avec son premier roman, Stalinin lehmät, ("Les vaches de Staline», 2003), écrivain finlandaise Sofi Oksanen-estonien (né en 1977, Jyväskylä, Finlande) a été catapulté dans l'élite de jeunes auteurs littéraires finlandais. Son premier original et politique, à la fois révoltant et sublime poétique, a créé un vif débat public et son rendu une nomination pour le Prix Runeberg, l'un des prix littéraires les plus prestigieux de la Finlande. Oksanen a suivi le succès avec la publication d'un deuxième roman, Baby Jane, en 2005.
Un ancien élève dramaturgie au théâtre Academy d'Helsinki, avant de se retourner à l'écriture à temps plein, premier jeu original "Puhdistus" de Oksanen a été mis en scène au Théâtre National de Finlande en 2007 à des critiques dithyrambiques. Les personnages qu'elle a créés ne quitteraient pas leur seul auteur cependant, et sur le jeu a progressé tiers littéraires nouvelles Puhdistus de Oksanen ("Purge", 2008). Puhdistus est devenu un énorme succès, et percée majeure de Sofi Oksanen: un n ° 1 des ventes en Finlande avec des ventes dépassant les 260 000 exemplaires, Puhdistus a remporté son auteur de nombreux prix littéraires, dont le premier ministre le Prix littéraire de la Finlande, le Prix Finlandia, et le plus grand prix littéraire en pays nordiques, Prix Nordic littérature 2010 du Conseil. Oksanen est le plus jeune auteur à remporter l'un de ces prix prestigieux.
Puhdistus a également remporté le prix FNAC 2010 en France. Il a été choisi parmi 300 ouvrages publiés en France. C'est la première fois que ce prix est allé à un auteur étranger.
Puhdistus est traduit en 38 langues.
Source : http://www.sofioksanen.com/biography/
Son actualité : 

MA CRITIQUE


Prix Femina Etranger 2012, le livre était dans ma PAL depuis un moment.  Un concours, la parution de son nouvel opus m'a donné envie de le lire.

C'est un roman qui ne peut laisser indifférent. Un livre comme je les aime où L'HISTOIRE en majuscule se mêle aux histoires des gens.  Un pan complet de l'Histoire nous est ici décrit ; celle de l'Estonie.   L'Estonie indépendante en 1920 après la première guerre mondiale. Un pays balte qui pendant près de 50 ans a supporté le joug du communisme et de l'URSS, laissant des stigmates profonds auprès de sa population.

En 1939 arrivent les allemands et les russes soviétiques reprennent le pouvoir, semant ainsi la peur et la terreur.  Les "ennemis du peuple", ceux qui voulaient rejoindre les patriotes finlandais pour l'indépendance sont traqués et déportés en Sibérie.

L'écriture est parfois sèche et cassante pour nous décrire les horreurs vécues, mais elle peut être tour à tour tendre, terre à terre, nous décrivant la vie à la ferme, les occupations ménagères et culinaires et les sentiments éprouvés par nos protagonistes.

Deux personnages, deux destins nous sont présentés et s'entrecroisent, ce à des périodes différentes, sous forme de flash-back, qui petit à petit nous permettent de reconstituer les pièces du puzzle et l'histoire, les raisons et motivations des agissements de chacun.

Aliide Truu est une vieille dame au début du récit, nous sommes un peu après l'indépendance (qui eut lieu le 20/08/1991).  Elle vit seule dans sa ferme, toujours avec la peur d'éventuelles représailles.  Elle a peur, de quoi? , de qui?.... nous le découvrirons au fil des pages.

Tout à coup Zara, une jeune femme déchirée au sens propre comme au sens figuré, arrive dans sa cour.  Elle est vraiment en piteux état.  Elle est là. Elles n'ont a priori rien en commun et Aliide, méfiante va pourtant lui ouvrir la porte, l'aider....

Petit à petit, elles se parlent et on découvre que quelque chose les unit..

Un livre dur, avec des mots justes qui nous permet de découvrir, l'Histoire mais aussi une histoire d'amour intense, amour ou haine??? devrais je dire, car cette dualité amour-haine va dicter la conduite d'Aliide.   Par AMOUR ??? mais peut-on parler d'amour lorsque celui ci est à sens unique ??  L'amour donne-t-il tous les droits? autorise-t-il TOUT; même l'horreur?? au nom de la jalousie??

Comment peut-on épouser un homme pour l'amour d'un autre ?? pour éviter des soupçons...  Il y a aussi toujours cette honte, l'humiliation, excuse-t-elle de tels comportements???

C'est beaucoup de questions, je suis vague mais je ne veux pas trop déflorer le sujet,  mais beaucoup de questions nous interpellent.

Et l'autre ZARA, que fuit-elle ?  Que recherche-t-elle?

L'histoire dénonce également les filières de prostituées de l'est, l'auteur dénonce la mafia russe, les droits et conditions des filles, ce qu'elles subissent, leurs espoirs, leurs déceptions.

Un très beau récit avec des allers-retours dans le temps, dans l'espace qui ne sont pas déstabilisants du tout. Tout se tient, des chapitres brefs, un suspense dévoilé petit à petit, les éléments se mettent en place..

Au travers de ce roman Sofi Oksanen nous conte l'histoire d'un peuple, ce qu'il a enduré, l'horreur pour arriver à atteindre l'humanité si longtemps refusée et les traces laissées par tout cela.

Cela me donne vraiment envie de lire "Quand les colombes disparurent"


Les jolies phrases


Si elle recevait, en se mariant avec Martin, une sorte de garantie pour sa sécurité, il y avait autre chose importante qu'elle obtenait par le mariage.  Elle devenait tout à fait comme n'importe quelle femme, ordinaire...

Les remèdes, il ne faut pas les étaler au grand jour: l'orgueil est la fin de chaque remède, et l'humilité son commencement, le silence est sa force.

Elle ne veut pas l'admettre, mais je suis le seul à qui elle puisse  parler sans être obligée d'entonner les rengaines communistes, et tout le monde a besoin de quelqu'un à qui pouvoir parler franchement.  C'est pour ça qu'elle ne veut pas me laisser partir.

Dans cette cave de la mairie où Aliide avait disparu et d'où elle voulait réchapper en vie, même si la seule chose qui était restée vive était le honte.

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