jeudi 15 janvier 2015

Middelsex Jeffrey Eugenides 7/10



Points Editions
8,7€
672 pages
Paru le 18/06/2004
EAN : 9782020669610



Note de l'éditeur


Callie naît avec la moue d’une jolie petite fille brune. À quatorze ans, étonnée de se découvrir deux sexes, elle devient un garçon. Lolita moustachue, savourant et souffrant à la fois de sa trouble identité, elle part sur les traces de ses origines mi-monstrueuses, mi-mythologiques, et fouille dans le passé secret - et peut-être coupable ? - de sa grand-mère Desdemona…



Né aux États-Unis en 1960, Jeffrey Eugenides rencontre le succès en 1993 avec son premier roman, Virgin Suicides, adapté au cinéma par Sofia Coppola. Middlesex, qui a obtenu le prix Pulitzer 2003, a été salué par la critique et les lecteurs.


« L'exubérance de la métamorphose anime cette farandole, ludique comme une opérette, et la fait virevolter avec fougue. »

Le Point


Traduit de l’anglais (États-Unis) par Marc Cholodenko


Prix Pulitzer 2003


Mon avis

Middlesex végétait dans ma bibliothèque depuis de nombreuses années, un achat de mon mari au départ. J'ai toujours un peu de mal avec la littérature américaine mais je garde un bon souvenir du "Roman du mariage" mon avis ici.  Alors lorsque Natacha et Julie m'ont proposé une lecture commune (dans le but de diminuer mon énorme pal) , c'était l'occasion de lire cette petite brique.

D'entrée de jeu, j'ai apprécié l'écriture et commencé avec un énorme plaisir cette saga familiale et un voyage dans le temps.  Le roman se divise en deux genres, un volet fresque historique que j'ai vraiment beaucoup aimé et un volet à la découverte à part entière de Callie née fille en 1960 qui se découvre et décide de s'assumer en garçon à partir de 1974.

J'ai vraiment apprécié le côté fresque historique, la découverte de ses ancêtres. Je me suis attachée à Desdemonia et Lefty, ses grands-parents grecs du petit village de Bithynios.  La vie là bas en Turquie, la culture de la soie, le poids des traditions.  C'est bien documenté, avec justesse que l'on retrace le massacre de Smyrne, la culture grecque, l'exode aux Etats-Unis.

L'arrivée des émigrants à Ellis Island, la ville de Détroit en 1805, son histoire, son incendie, l'ascension de Ford, ses usines, la création du travail à la chaîne, une véritable fresque sociale.  Mais aussi, la prohibition, l'intégration des immigrés, l'urbanisation de la ville. Puis en 1932 la fin de la prohibition, la destruction du quartier noir Black Bottom en 50, les émeutes, l'ascension sociale de nos protagonistes.

Oui, j'ai vraiment aimé cette saga familiale parcourant la grande Histoire du vingtième siècle.

L'autre volet nous parle de l'évolution personnelle de Callie, qui  perdue entre ses sentiments et les changements ou non-changements de son corps à l' approche de l'adolescence ne sait plus très bien ce qu'il en est.  L'hermaphrodisme est le thème principal du roman.  Le livre nous parle de l'identité sexuelle de manière parfois drôle, avec beaucoup de lucidité et sans jamais être vulgaire.  On aborde l'aspect médical, social et psychologique de notre personnage adolescente et de l'hermaphrodisme.

Les références mythologiques apportent un peu plus de profondeur au récit.

Je ne peux pas dire que je me sois ennuyée une seule seconde mais l'écriture était parfois inégale. Certains passages me semblant longs et sans réelle plus value.

J'en garde un agréable souvenir car je dois avouer que je n'ai pu m'empêcher d'avoir cette envie constante de tourner les pages.

Ma note : 7/10


L'avis des copines

Celui de Natacha Roque : Voici mon avis : "Middlesex" ... Je suis assez partagée sur ces près de 700 pages ... J'adore l'idée de découvrir le destin de quelqu'un à travers l'histoire de sa famille sur plusieurs générations. J'aime beaucoup ce genre de procédé littéraire seulement ici, par moment, j'ai décroché ... Soyons honnête, j'ai même failli l'abandonner ... je n’ai pas aimé les longues descriptions … à mon sens, 200 pages de moins auraient pu donner plus de rythme au roman. Même si dans l'ensemble, le livre est très bon ... On revit les grandes périodes de l'histoire du siècle dernier, on découvre pas mal de choses sur les Etats-Unis, ... L’histoire avec un grand H tente d’expliquer le parcours de l’histoire de cette famille émigrée … Le poids des secrets de famille est très bien analysé. Du même auteur, j'avais nettement préféré "Le roman du mariage".

Celui de Julie Désir : arrive bientôt.


Les jolies phrases

Les gens ne se doutaient pas que les virus sont plus malins que les êtres humains, et pensaient qu'on n'en entendrait bientôt plus parler.

Cependant, le sens est le même : les grandes découvertes, qu'elles fussent de la gravité ou de la soie, tombent toujours du ciel sur des gens qui paressent sous un arbre.

Le corset fit de Desdemona une nouvelle femme.  Comme je l'ai déjà dit, Lefty avait déjà vu sa soeur nue, mais le corset avait l'étrange pouvoir de la faire disparaître encore plus nue ; il en faisait une créature intouchable et carapaçonnée, dotée d'un intérieur tendre qu'il lui fallait conquérir.

Depuis lors, toutefois, l'adaptation est devenue héréditaire : nous en avons tous hérité jusqu'à un certain point, de sorte que nous nous branchons sans y penser, à des manettes et des télécommandes, accomplissant des centaines de sortes de mouvements répétitifs.

Cette ville (Berlin) autrefois divisée, me rappelle moi-même.  Ma lutte pour la réunification.

Quand je rencontre quelqu'un qui me plaît, et à qui j'ai l'impression de plaire, je bats en retraite.

Moi je dis que là où la réflexion s'arrête, c'est la stupidité qui commence.

On sait que c'est vrai parce qu'on l'a rêvé toutes les deux.  C'est ça la réalité.  Un rêve qu'on fait tous ensemble.

La normalité n'était pas normale.  Elle ne pouvait pas l'être. Si la normalité était normale, personne ne s'en soucierait.  On pourrait la laisser se manifester d'elle même.  Mais les gens - et particulièrement les médecins - avaient des doutes quant à la normalité.  Ils n'étaient pas sûrs que la normalité fut à la hauteur de sa tâche.Ils se sentaient donc enclin à lui donner un coup de pouce.

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