dimanche 27 décembre 2015

Il était une ville Thomas B Reverdy ****

Il était une ville

Thomas B. Reverdy



Flammarion
Parution:19/08/2015
Format:13.5x20.9x1.7 cm
EAN:9782081348219
Prix:19,00 €


Présentation de l'éditeur

Il était une ville Ici, les maisons ne valent plus rien et les gens s'en vont, en les abandonnant purement et simplement ; la ville est en lambeaux. Nous sommes à Détroit en 2008 et une blague circule : que le dernier qui parte éteigne la lumière. On dirait que c'est arrivé. C'est dans cette ville menacée de faillite qu'Eugène, un jeune ingénieur français, débarque pour superviser un projet automobile. C'est dans un de ces quartiers désertés que grandit Charlie, Charlie qui vient, à l'instar de centaines d'enfants, de disparaître. Mais pour aller où, bon Dieu, se demande l'inspecteur Brown chargé de l'enquête. C'est là, aussi, qu'Eugène rencontrera Candice, la serveuse au sourire brillant et rouge. Et que Gloria, la grand-mère de Charlie, déploiera tout ce qui lui reste d'amour pour le retrouver. Thomas B. Reverdy nous emmène dans une ville mythique des États-Unis devenue fantôme et met en scène des vies d'aujourd'hui, dans un monde que la crise a voué à l'abandon. Avec une poésie et une sensibilité rares, il nous raconte ce qu'est l'amour au temps des catastrophes.


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L'auteur nous en parle :





Mon avis

Un grand merci à Lecteurs.com et Flammarion pour cette belle découverte de la rentrée.  Je découvre la plume de Thomas B. Reverdy et je pense que je ne m'arrêterais pas là. ☺

Detroit, symbole de la réussite du capitalisme, capitale de l'industrie automobile ; c'était il y a longtemps.  Nous sommes en 2008, et Detroit n'est plus que l'ombre d'elle-même.  La crise financière a eu raison de cette ville qui est le personnage central du roman.

Une ville en déliquescence, ravagée, désertée.  Les centres commerciaux et commerces sont fermés. Les habitations désertées, faute de pouvoir rembourser les crédits.  Les usines sont abandonnées et de grands terrains en friche deviennent la zone, permettant à une criminalité d'exploser..

La ville se déshumanise, devient une ville fantôme en perdition, un monde en mutation, en perte.

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Thomas B.  Reverdy la décrit tellement bien.  De courts chapitres basculant sur divers personnages lui permettent de nous faire prendre conscience de l'ampleur des dégâts.

Eugène, ingénieur français débarque pour la firme, il est affecté à la création d'un prototype ; l'Intégral.  Les bureaux sont au treizième étage d'une tour quasi désaffectée, au bord de la zone.

Il va parcourir la ville, se rendre régulièrement au Dive Inn où il rencontrera Candice la serveuse désabusée.  En toile de fond on suivra le parcours de Charlie et ses copains, des enfants livrés en partie à eux-mêmes dans ce monde en perdition. Brown, un flic passionné nous accompagnera lui aussi durant le récit, il enquête sur des disparitions d'enfants.

Thomas B. Reverdy, à travers ce roman analyse de façon très pertinente les conséquences de la crise financière, le capitalisme débridé à outrance, qui a amené l'Homme et les grandes sociétés à toujours demander plus en broyant l'humain.

C'est une docu-économico fiction qui se lit comme un roman de manière agréable  car l'écriture est très fluide. Par de très courts chapitres sur des vies qui s'entrecroisent, il nous parle à merveille de la Catastrophe et de ses conséquences.

La plume est fluide, l'écriture est juste.  L'analyse de la situation est fine.  J'ai apprécié la lecture qui nous amène à de réelles réflexions sur notre société, un mode économique ayant atteint ses limites, ses travers et surtout une lecture qui nous montre que l'espoir se trouve dans l'humain qui cultive encore de vraies valeurs telles que l'amour, l'amitié et la solidarité.

Ma note : 8.5/10

Encore merci à Lecteurs.com sans qui je serais passée à côté de cette découverte.


Les jolies phrases

La télé la nuit est comme ce coin de la ville, une sorte de ruine hantée dans laquelle errent des fantômes inutiles.

Est-ce que le Paradis c'est toujours ce qu'on a perdu ?

Il réunit tout le monde et expliqua que la carrière et le travail étaient deux choses différentes, et qu'ils avaient ici un travail à accomplir.

Ça avance souvent comme ça, une enquête. Tu relies les petits points, tu plies selon les pointillés, ça finit par faire des motifs. Comme dans un roman.

La culpabilité - le sentiment de mal faire - est un moteur presque aussi puissant que l'ambition - le sentiment de bien faire.

Tu voudrais que je te dise, mais je ne sais pas à qui est la faute.  Il y a eu le Paradis et puis il y a eu la pomme, et je ne sais pas qui a décidé de la croquer en premier.  Il y a eu un moment où l'on s'est détourné de Dieu, voilà ce que je crois.  Il a fallu rêver d'une plus grosse voiture, d'une plus jolie maison, ou rêver de ne pas respirer le même air que tout le monde.  C'était notre faute  pas individuellement, mais ça nous est arrivé à nous, c'est comme ça. On n'a même plus parlé la même langue, et c'est cela la guerre.

La rue s'élimait tel un tissu qu'on ne parvenait plus à repriser.

Les gens qui partaient finissaient par les abandonner purement et simplement, et c'était à chaque fois un nouveau trou dans la trame du quartier, qui menaçait de filer comme un bas. Il s'effilochait.  Il partait en lambeaux.

Il y a des gens comme ça, qui sont capables de s'esquinter la santé à faire semblant de travailler, beaucoup plus sûrement que s'ils travaillaient vraiment.

Il faut croire que la vie parfois est comme un roman, elle a besoin d'un inconnu pour la raconter.

L'avenir même quand il n'y en a plus, il faut bien qu'il arrive.

Chacune espèce évolue en même temps que les autres, constamment, dans l'ignorance des autres.  Chacune court sur place, parce que le monde autour d'elle court, et elle pourrait aussi bien s'éteindre à tout moment parce que le rapport de forces ne bascule jamais définitivement en sa faveur, la sélection naturelle devenant le fruit, non d'une évolution vers un mieux objectif, mais d'une coévolution aveugle et hasardeuse.
Et c'est ce qui se joue aussi entre les sociétés humaines.  Courir, on ne sait faire que ça.  Quand ça se met à aller mal, on accélère - que faire d'autre ?




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