samedi 20 octobre 2012

Geneviève Damas Un bijou à découvrir absolument


Le plus beau livre lu cette année pour moi, un véritable bijou. La poésie et le choix de mots, de l'émotion, une histoire où les personnages vous accompagnent la journée, vivent avec vous pendant la lecture. Un splendide premier roman , prix Rossel l'an dernier , également lauréate du 11ème prix des Cinq Continents de la Francophonie
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“Je trouve très beau de se définir par rapport à une langue et une culture partagées”

Interview de Geneviève Damas, lauréate du 11e Prix des cinq continents de la Francophonie



Tandis que s’ouvre le XIVe sommet de la Francophonie, Geneviève Damas nous dévoile les coulisses de Si tu passes la rivière (1), le livre pour lequel elle vient d’obtenir le Prix des cinq continents de la Francophonie, et revient sur l’importance d’une telle reconnaissance dans un monde qui se globalise.
Lefigaro.fr/madame. - Le Prix des cinq continents de la Francophonie récompense le roman d'un écrivain témoignant d’une expérience culturelle spécifique enrichissant notre langue. Dans un monde qui se globalise, est-il essentiel de promouvoir le français ?
Geneviève Damas. -
 C’est d’autant plus important pour moi qui viens de Belgique. Dans mon pays, la communauté francophone est une minorité qui a du mal à promouvoir sa culture compte tenu de sa situation économique. Elle n’en a pas moins une voix qu’elle veut faire entendre au-delà de ses frontières !
Plus concrètement, qu’est-ce que ce prix symbolise pour l’auteure belge que vous êtes ?
On a toujours tendance à se définir par rapport à un territoire. Or je trouve très beau de pouvoir se définir par rapport à une langue et une culture partagées. Ce prix constitue un magnifique moyen de me souvenir qu’avant d’être une auteure belge, je suis une auteure francophone.
À l’heure où la langue française est en perte de vitesse par rapport à l’anglais, l’espagnol ou le chinois, est-il important de revendiquer notre francophonie ?
Il est essentiel que toutes les langues coexistent car chacune recèle une manière de penser différente et offre un rapport au monde également différent. Cette diversité doit amener les membres d’une même communauté à partager leur propre rapport au monde : cela permet de se réunir autour de quelque chose de presque palpable, mais aussi d’être capable d’apprécier tout ce qui n’en fait pas partie.

5568Geneviève Damas.Photo Sylvie Evrard
Le héros de votre roman est un gardien de cochons de 17 ans qui ne sait ni lire ni écrire. On retrouve dans cette fiction une quête impérieuse de la langue à travers l’apprentissage de la lecture et de l’écriture. Pourquoi cette thématique vous est-elle si chère ?
Parce que j’y ai été confrontée lors d’ateliers d’écriture que j’ai animés auprès de Belges analphabètes. Cette réalité m’a profondément choquée et bouleversée. Une personne qui ne sait ni lire ni écrire ne peut avoir accès ni à sa culture, ni à son héritage culturel. Profondément isolée et handicapée, elle est incapable de se sociabiliser.
Vous êtres maman de trois enfants dans la vie, et le héros de votre livre n’a jamais connu la sienne. Était-ce un parti pris volontaire ?
Mon héros n’a certes jamais connu sa mère, mais une autre femme s’est progressivement substituée à cette maman absente sans qu’il s’en rende compte. En brouillant les pistes, je cherchais au fond à m’interroger sur ce qui fait que l’on est ou que l’on devient mère.
(1) Éditions Luce Wilquin.

13 octobre 2012

“Je trouve très beau de se définir par rapport à une langue et une culture partagées”

Interview de Geneviève Damas, lauréate du 11e Prix des cinq continents de la Francophonie

“Les enfants nous connectent à notre imaginaire”

Avez-vous obtenu la réponse que vous cherchiez ?
Pas vraiment car c’est une question infiniment complexe ! Je crois cependant que les liens du sang ne représentent pas tout car coexistent à côté les liens du cœur. Et ces derniers peuvent être aussi puissants que les premiers. Je suis en outre convaincue que lorsque la vie nous ôte quelque chose, elle nous rend autre chose par ailleurs. 
Depuis que vous avez écrit ce livre, certaines choses ont-elles changé dans votre rapport à vos enfants ?
On m’avait dit lors de ma première grossesse qu’une fois que je serais mère, je n’aurais plus de temps pour rien. C’est faux ! Les enfants nous connectent à notre imaginaire. Le fait d’avoir écrit ce livre et qu’il ait obtenu cette reconnaissance m’a rendue plus paisible avec mes propres enfants car j’ai compris que je pouvais être maman et écrivain à la fois.
C’est-à-dire ? Pouvez-vous préciser ?
Lorsque l’on a des enfants, on se sent attaché à eux au sens propre comme au figuré. L’écriture est en cela un processus merveilleux car il permet de faire un voyage tout en restant auprès de sa progéniture. En écrivant mon livre, j’ai eu l’impression de faire un grand écart consistant à m’évader sans pour autant devenir une mère « indigne ». Cela m’a apporté beaucoup de paix.
5572“Si tu passes la rivière”, de Geneviève Damas (éd. Luce Wilquin).Photo DR
Forte de ce que vous venez d’expliquer, peut-on dire que c’est un peu à vos enfants que vous devez ce livre et ce prix ?
Oui ! Quand on a des enfants, le quotidien n’est pas toujours simple à gérer. Comme toute maman, j’ai besoin de souffler en m’octroyant des moments de liberté. Sauf que chez moi, cette liberté réside dans l’écriture. En m’obligeant à faire des pauses salvatrices, ce sont mes enfants qui m’ont poussée à écrire ce roman… et donc à gagner ce prix !


1 commentaire:

argali a dit…

Un roman poétique et beau, une écriture ciselée et une histoire émouvante. J'ai adoré.