lundi 24 juin 2013

L'écume des jours de Boris Vian *****

Couverture du livre L'Ecume des jours
Résumé :
Un titre léger et lumineux qui annonce une histoire d'amour drôle ou grinçante, tendre ou grave, fascinante et inoubliable, composée par un écrivain de vingt-six ans. C'est un conte de l'époque du jazz et de la science-fiction, à la fois comique et poignant, heureux et tragique, féerique et déchirant. Dans cette ouvre d'une modernité insolente, livre culte depuis plus de cinquante ans, Duke Ellington croise le dessin animé, Sartre devient une marionnette burlesque, la mort prend la forme d'un nénuphar, le cauchemar va jusqu'au bout du désespoir.Mais seules deux choses demeurent éternelles et triomphantes : le bonheur ineffable de l'amour absolu et la musique des Noirs américains.


Ma critique

En me promenant sur le forum de Babelio, j'ai vu que le club de lecture de juin était "L'écume des jours".

J'ai lu ce livre en "lecture imposée scolaire" il y a plus de 30 ans, je me souviens qu'à l'époque ce roman m'avait marqué, voir même dérangé, une chose était certaine c'est qu'il ne m'avait pas laissé indifférente. Lors de la sortie du film que je n'ai pas vu et ne verrai sans doute pas, je me suis dit qu'il serait intéressant de le relire et c'est ainsi qu'il a atterri dans ma PAL.  Le moment était donc venu de l'attaquer.

Lu de façon très rapide, j'en suis ravie, le livre m'a enchantée dans tous les sens du terme.

Bravo Monsieur Vian, vous êtes sans aucun doute, le Magritte de la littérature, quel régal cet univers onirique et surréaliste truffé de jeux de mots et de jolis tableaux.

Que de poésie, de sensibilité, toujours sur un fond de jazz, cela me tenterait d'écouter quelques morceaux de Duke Ellington pour prolonger la lecture et cette présence de la musique dans le livre de chaque instant.

Ce récit est une pure merveille, un peu comme un livre à tiroirs car on y trouve multitudes de choses et de thèmes abordés, quelle richesse.

On ouvre un tiroir et c'est l'univers de Monsieur Jean-Sol Partre.  Quelle admiration devait-il vouer à Sartre avec toutes ses références et en autres "Le vomi" pour "la nausée", "La lettre et le néon" pour "L'être et le néant" . 
En effet Chick, l'ami de Colin est un fan obsessionnel de Jean - Sol Partre et on observera ici les effets pervers de l'addiction, frôlant à la folie et semant le trouble dans sa vie.  Chick aime Alise.

Colin est son ami, il aimerait rencontrer une fiancée, il la trouve dans la personne de Chloé et une belle histoire d'amour commence..

On ouvre un autre tiroir et on entre dans ce monde bien particulier où l'on trouve un pianocktail, la petite souris dans l'appartement, des semelles de chaussures qui repoussent, les anguilles que l'on trouvent dans l'évier, les pièces qui rétrécissent... nous sommes dans un monde imaginaire, extraordinaire, fantastique, surréaliste.

Autre domaine, autre tiroir : l'argent et son pouvoir.  Un élément très présent durant tout le récit, "l'argent ne fait pas le bonheur" est ici bien illustré que cela soit dans la vie de Colin qui trouve l'amour mais qui avec son argent ne conserve pas tout; ou dans celle de Chick qui dépense sans compter , ils vont être brûlés par leur passion en même temps que la perte des doublezons...

C'est aussi la vie qui se consume petit à petit, tout devient étriqué, la lumière, le soleil disparaissent au fur et à mesure que le nénuphar grandit et que la mort approche.

Vian n'est pas tendre non plus envers le clergé et la religion, son rapport à l'argent, au sexe, et au monde du travail , surtout au sens à donner au travail.

Oui vraiment beaucoup de façon à mon sens de lire ou d'interpréter ce livre, en fonction du tiroir ouvert, en profitant une fois encore de la poésie et des jeux de mots..

Ce livre reste sans conteste un GRAND classique Moderne, son écriture n'a pas pris une ride, et si on peut se détacher et le lire au second degré, se laisser emporter  c'est vraiment un grand moment de plaisir.


Les jolies phrases

Les boutiques des fleuristes n'ont jamais de rideau de fer, personne ne cherche à voler des fleurs.

L'attente dit Chick est un prélude sur un mode mineur.

Ne me remercie pas, dit Colin. Ce qui m'intéresse, ce n'est pas le bonheur de tous les hommes, c'est celui de chacun.

Oh, évidemment, dit Chloé, pour faire un oeuf, il faut une poule, on peut avoir des tas d'oeufs.  Il vaut donc mieux commencer par la poule.

Pourquoi sont-ils si méprisants ? demanda Chloé.  Ce n'est pas tellement bien, de travailler.
On leur a dit  que c'est bien, dit Colin. En général, on trouve ça bien.  En fait, personne ne le pense. On le fait par habitude et pour ne pas y penser, justement.

Les gens perdent leur temps à vivre, alors il ne leur en reste plus pour travailler.
Ce n'est pas plutôt le contraire? demanda Chloé.
Non, dit Colin ils avaient le temps de construire des machines, après ils n'auraient plus besoin de rien faire.  Ce que je veux dire, c'est qu'ils travaillent pour vivre au lieu de travailler à construire des machines qui les feront vire sans travailler.  p138










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