samedi 17 août 2013

Muette Eric Pessan 9/10

Rentrée littéraire 2013

Parution chez Albin Michel le 21/08/2013

Lu dans le cadre de la sélection du prix du roman Fnac




Muette





















RESUME


« La nuit, déjà, et Muette écoute vibrer les insectes, glissée jusqu’au nez dans son sac de couchage. Elle a chaud mais ne peut se résoudre à se découvrir. Dehors, dans le grand monde, des gens courent à sa recherche, elle n’a plus de doute à ce sujet. Elle y est. Elle a grand ouvert les portes de sa vie. »

Par sa maîtrise de la langue au plus près des émotions, des impulsions et des souvenirs d’une jeune fugueuse, Eric Pessan, l’auteur d’Incident de personne, compose un roman envoûtant et d’une rare justesse pour évoquer la mue mystérieuse de l’adolescence.




L'auteur

Eric Pessan


Eric Pessan



Nationalité : France 
Né(e) à : Bordeaux , 1970 
Biographie : 

Éric Pessan, né en 1970 à Bordeaux, est un écrivain français. Il est auteur de plusieurs romans, de fictions radiophoniques, de textes de théâtre, ainsi que des textes en compagnie de plasticiens. Il anime également des rencontres littéraires et des débats, ainsi que des ateliers d’écriture. Il collabore aussi régulièrement au site Remue.net
Il a, en outre, été rédacteur en chef de la revue d'art et littérature Éponyme, publiée par les éditions Joca Seria (quatre numéros parus).
En compagnie de Nicole Caligaris, il a co-dirigé l'ouvrage collectif Il me sera difficile de venir te voir, correspondances littéraires sur les conséquences de la politique d'immigration française, publié en octobre 2008, aux éditions Vents d'ailleurs.

2001 : L'Effacement du monde, La Différence
2002 : Chambre avec gisant, La Différence
2004 : Les Géocroiseurs, La Différence
2006 : Une très très vilaine chose, Robert Laffont
2007 : Cela n'arrivera jamais, Fiction et Cie / Seuil
2010 : Incident de personne, Albin Michel 
Mon avis

Muette s'en va de chez elle, elle fugue mais pas très loin, juste à une heure à pied, une vieille grange dans laquelle elle se réfugie souvent.  Ben oui, elle est souvent seule à la maison.

Dans l'écriture un caractère italique nous poursuit durant tout le roman, des petites phrases, des remarques continuelles, des reproches, des expressions qu'elle entend régulièrement (en vrai ou dans sa tête)
Un joli fil rouge qui nous guidera tout le récit.

Cela commence comme un film, un cinéma qu'elle se fait, mais rien n'arrive jamais comme dans son imaginaire.  Elle fugue mais là où on ne la cherchera pas car c'est trop près de chez elle...

Elle ne parle pas, à l'école on lui demande d'améliorer son oral ???

Le silence, les non-dits...

c'est en fait l'histoire d'une souffrance dont les clés sont livrées petit à petit dans le récit.  Ce mal être, cette incommunication, ses reproches, pourquoi??

Joliment construit on la comprend petit à petit.

J'ai beaucoup aimé ce parallèle avec la nature, les animaux.  Une belle histoire pour exprimer le silence de la Muette, les sources de ce mal être, cette envie de fuite et de trouver enfin sa place.

Une très belle découverte qui se lit à un rythme rapide même si on reste un peu sur sa fin.

Cette découverte était dans le cadre de la rentrée littéraire 2013 et du prix du roman Fnac.

9/10


Les jolies phrases

Muette c'est juste une question de silence, d'extrême retenue et de regard qu'il n'est jamais possible d'accrocher.

Faire confiance, Muette ne peut pas, ne sait pas.  Les apparences trompent tellement.  La main tendue dissimule souvent une serre.

Dans la famille, on tue à force de silences rentrés ou à force d'éviter de poser les bonnes questions.

Des années et des années, Muette s'est accommodée de tout parce qu'elle n'a rien trouvé de mieux.  C'est comme prendre un film en cours, ne rien comprendre à ce qui se passe, mais rien de rien.

Enfant, Muette ne connaissait pas les règles du jeu.  Personne ne s'est donné la peine de les lui expliquer, de lui dire ce qui se fait et ce qui est interdit.  Personne n'a placé de limites, elle les découvre par elle-même lorsqu'elle s'attire brusquement une réprimande, une claque.

...elle se demande s'il y a des choses que l'on répète toute une vie, quelle que soit la vie que l'on s'invente.

Il y a des histoires qui ne peuvent pas se dire.  Parce que les mots n'existent pas pour les raconter.  Les mots ne feraient que les affaiblir ou les banaliser.  Les mots ne feraient qu'effleurer la surface ou l'histoire, sans rien pouvoir atteindre de ses strates innombrables.

Lorsque les hommes mentent, c'est parole contre parole et les plus faibles ont tort.

Il n'est pas du genre à s'asseoir et à attendre il a besoin de faire de grands gestes pour se prouver et prouver aux autres qu'il garde la maîtrise des événements.

Enfant, elle était déjà entrée en résistance, elle tentait de rejeter la greffe d'une histoire qui n'était pas la sienne.

;;;elle ne sait rien de ce qu'elle croit connaître, elle ne voit qu'une version tronquée des choses, elle aperçoit de vagues reflets mouvants d'une réalité bien plus complexe et trompeuse.



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