dimanche 10 novembre 2013

LES ANNEES DOUCES Hiromi KAWAKAMI 9.5/10 *****

Les Années douces de KAWAKAMI Hiromi
LES ANNEES DOUCES  

Hiromi KAWAKAMI





















Traduit par Elisabeth Suetsugu 

Collection Picquier poche
Poche n° 244
288 pages / 7,00 € / ISBN : 87730-765-4



RESUME

Tsukiko croise par hasard, dans le café où elle va boire un verre tous les soirs, son ancien professeur de japonais. Insensiblement, au fil des rencontres, les liens se resserrent entre eux. " Un livre d'une délicatesse à couper le souffle, d'une poésie sensuelle, d'une gourmandise débordante " (Christine Ferniot, Télérama), qui capte en plein vol la douceur de la vie avant qu'elle ne s'enfuie."Alors, que se passe-t-il dans ce roman ? Rien ou presque, comme dans la vie, mais des riens qui ont leur importance pour ceux qui les vivent. Dispute à propos de base-ball, saké, séance de pachinko, saké, fête des fleurs, et saké, bouillon de poulpe, langoustines frites, haricots en branches , lamelles de baleine fumée, algues au vinaigre… et encore saké."© Sergei Chepik




L'AUTEUR

KAWAKAMI Hiromi 

KAWAKAMI Hiromi est née à Tokyo en 1958. Sa nouvelle Hebi o fumu est couronnée en 1996 par le prix Akutagawa, en 1999, Kamisama obtient le prix des Deux Magots et le premier prix Pascal des jeunes auteurs de nouvelles, en 2000 Oboreru reçut le prix de littérature féminine et c’est en 2001 que Sensei no kaban, « Les Années douces » fut couronné par le grand prix Tanizaki. Kawakami Hiromi a su s’imposer dans le monde littéraire japonais par la tonalité très particulière de son style, à la fois simple et subtil dont les thèmes privilégiés sont le charme de la métamorphose, l’amour et la sexualité.




Photo de KAWAKAMI Hiromi



SES LIVRES :

Les Années douces mars 2003
Cette lumière qui vient de la mer  avril 2008
La Brocante Nakano   septembre 2009
Manazuru   février 2012
Le Temps qui va, le temps qui vient   picquier poche 2013
Les Dix Amours de Nishino  mars 2013



MON AVIS

Si vous recherchez de l'action, la littérature japonaise risque de ne pas vous convenir car en général il ne se passe rien ou pas grand chose.  Elle illustre à merveille l'évolution des sentiments, vous fait partager des émotions, des atmosphères, les gestes de la vie.

J'ai découvert ce style il y a un peu plus d'un an grâce à ma libraire, fan de ce genre et par le biais des magnifiques livres d'Aki Shimazaki que j'ai dévorés.

Aimant le genre, vous l'avez compris, j'ai envie de vous le faire partager et en ce mois de novembre c'est par le biais de la lecture commune de Babelio.

club de lecture babelio

Babelio




Tsukiko n'est pas loin de la quarantaine, elle croise par hasard son ancien professeur de japonais Harutsuna Matsumoto, de 30 ans son aîné.  Elle le nommera "le maître" pendant tout le récit.

Ils se rencontrent toujours ou presque inopinément, ils mangent ensemble, boivent beaucoup de bière et de saké.  Et au fil de leurs rencontres, les liens vont se resserrer.

Que ce soit la visite d'un marché, la cueillette des champignons, la fête des fleurs, un voyage dans l'île .... le temps passé ensemble va les rapprocher.

Les gestes simples de la vie (comme servir le saké), les atmosphères et ambiances nous sont décrits avec pudeur, poésie, sérénité.

Au départ avec distance et retenue, ô combien japonaise.. nous allons partager l'évolution de leurs sentiments.


C'est écrit comme le titre avec une infinie douceur, c'est lent, langoureux j'aurais envie de dire.  Une histoire se tisse petit à petit mais que d'émotions ressenties dans la lecture. C'et tout simplement BEAU, PUR.  Un petit bijou rempli de finesse, parsemé d'haikus (petits poèmes japonais), tout en délicatesse.  Une belle histoire sur l'amour.

Un peu de douceur dans ce monde de brute cela fait du bien.

Je suis à présent curieuse de lire la version tirée par le mangaka Jiro Taniguchi, qui par le dessin apporte une autre dimension au récit, voilà une alternative intéressante pour ceux qui souhaitent approcher cette littérature.


Les Années douces - Jirô Taniguchi - 9782203029750 - 9782203029750Les Années douces - Jirô Taniguchi -  - 9782203034266

paru chez Casterman


Ma note 9,5/10


Vous trouverez ci-dessous le magnifique avis de Piatka

http://www.babelio.com/livres/Kawakami-Les-Annees-douces/6350/critiques/450073


LES JOLIES PHRASES

Du coup, je me rends compte que tout ce que je faisais jusque là, c'était avec le maître, lui seul.  A part lui, il y avait longtemps que ça ne m'arrivait plus de boire du saké en compagnie de quelqu'un, de marcher dans la rue ou de voir des choses plaisantes.  Quand je cherche à me rappeler avec qui alors je faisais des choses en commun avant de devenir intime avec le maître, aucun nom ne me vient à l'esprit.

Quel est ce besoin qui ne me lâche pas de rechercher sa présence? Seulement voila, quand je suis avec lui, j'ai l'impression de vivre quelque chose d'authentique.  Mais c'est peut-être curieux de parler d'authenticité ? Disons alors que c'est comme cet étrange sentiment qui pousse à préférer de laisser le bandeau qui entoure le livre qu'on vient d'acheter, plutôt que de l'ôter.
Me retrouver dans le même bistrot que le maître sans que lui et moi échangions un seul regard, c'était l'équivalent du livre séparé du bandeau qui l'accompagne, qu'on aurait posé ailleurs, ça ne collait pas.

L'homme peut apprendre beaucoup de choses quel que soit l'endroit, vous savez, à condition d'y mettre le coeur.

Vivre, en fait, c'est causer du tort à quelqu'un.

Moi, je croyais que nous étions complémentaires à la manière de ces marmites fêlées qui trouvent quand même le couvercle qui leur convient  Il faut croire que je n'étais pas le couvercle qu'il lui fallait ...

Debout dans cette rue, j'étais loin du maître.  Je me suis mise à ressentir notre éloignement de façon intime et douloureuse.  Ce n'était pas la distance que crée le temps pas l'expérience plus ou moins longue de la vie, ce n'était pas non plus la distance absolue, dont je percevais, ici, maintenant l'existence.

Les soirs comme ça, j'ouvre la serviette du maître, et je regarde à l'intérieur.  La serviette est vide, et ce vide se déploie.  Oui, un vide infini s'étend sur toutes choses, le vide de l'absence.

D'ailleurs ma vie, au fond, c'est tout à fait ça, une île inconnue, j'avance toute seule sur un chemin inconnu, au hasard, sans avoir trouvé la note juste avec cet homme, le maître, que je croyais connaître, qui en réalité est un inconnu.

Si c'était un grand amour, il était primordial d'en prendre soin, comme d'une plante à qui on donne de l'engrais ou qu'on protège de la neige.  S'il s'agissait d'une autre espèce d'amour, inutile de s'inquiéter, il suffisait de le  négliger en attendant qu'il se dessèche.  C'est ce que ma grand-tente se plaisait à dire, comme elle aurait énoncé une évidence.




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