vendredi 29 août 2014

Les singuliers Anne Percin ***** 9.5/10

challenge rl jeunesse

Les singuliers              Anne Percin




Rouergue Editions
Collection  Brune
Parution 20/08/2014
14 x 20.5
400 pages
ISBN 978-2-8126-0678-6
Prix  19 euros

Quatrième de couverture

Durant l'été chaud de 1888, une communauté de peintres prend pension à Pont-Aven, un village pittoresque du Finistère.  Parmi eux se trouvent un jeune Belge, Hugo Boch, issu d'une riche famille d'industriels et un certain Gauguin, autodidacte à la grande gueule qui croit en son génie.  Ils sont de cette avant-garde qui veut peindre autrement, voir autrement, vivre autrement.

Hugo Boch n'est plus très sûr, lui, de vouloir poursuivre dans la peinture : il expérimente du côté de la photographie, cet art naissant.  Surtout, il mène une correspondance assidue et les lettres qui s'échangent, entre la Bretagne, Paris et Bruxelles, sont foisonnantes d'anecdotes.  Un vent nouveau se lève, en cette fin de siècle, dans les arts mais aussi dans les moeurs et les techniques.  Tous ces explorateurs sont des jeunes gens audacieux, émouvants et parfois drôles, sauvages aussi, qui se battraient en duel pour défendre des tournesols peints par un Hollandais, réfugié dans le Midi, que beaucoup considèrent comme un fou et un barbouilleur...
Dans Les singuliers, Anne Percin mêle figures historiques et personnages fictifs pour nous offrir un roman épistolaire bouillonnant.  C'est un tableau monumental, qui croque sur le vif l'esprit du temps et nous le rend vivant.

Anne Percin a publié ses deux précédents romans dans 'La Brune' : Bonheur fantôme (2009) et Le Premier été (2011).  Elle est aussi auteur pour la jeunesse, notamment de la trilogie à succès "Comment (bien) rater ses vacances", toujours au Rouergue.

Mon avis

Voici une belle découverte de la rentrée chez Rouergue Editions.  Si comme moi vous aimez le monde de la peinture, vous allez adorer.  Voici, en effet une belle façon de revivre de façon originale cette période de 1888 à la fin du dix-neuvième siècle.  C'est la période où les singuliers, peintres souhaitant quitter l'académisme vont se remettre en question, prendre l'air et la lumière en migrant à la belle saison à Pont-Aven.

Grâce à ce récit épistolaire, nous allons passer quelques années en compagnie d'un jeune peintre belge au départ.  Libre, artiste qui quitte sa riche famille de La Louvière pour explorer son art et devenir peu à peu photographe.  On parle ici d'un ancêtre de la célèbre famille de faïencier Boch-Villeroy.  Notre ami Hugo échangera des courriers avec ses cousines Anna (co-organisatrice de l'expo des vingts) et Hazel, peintre elle aussi.

En leur compagnie, nous partagerons des moments de la vie de Paul Gauguin, Van Gogh, Cérusier mais aussi James Ensor, Toulouse Lautrec et bien d'autres.

Nous partagerons aussi cette fin du dix-neuvième et serons spectateurs privilégiés de la construction de la Tour Eiffel, de l'exposition universelle, de la construction du Moulin Rouge , nous revivrons également l'affaire de Jack l'éventreur qui fit couler beaucoup d'encre à l'époque.

Un roman où les personnages réels et de fiction se côtoient, un livre très bien documenté.
Allez, venez vous aussi vous installer à la pension Gloanec de Pont Aven et faire un petit saut dans le temps. Vous ne le regretterez pas, j'y ai passé un très bon moment.

C'est très agréable à lire.  J'ai aimé le style d'Anne Percin que je ne connaissais pas. Elle écrit essentiellement pour la jeunesse.  Je vous en reparlerai sans doute très vite car je viens d'acquérir son premier roman qui vient de sortir chez Babel "Le premier été".

Ma note 9.5/10

Les jolies phrases

C'est justement parce que la solitude est la meilleure alliée de l'artiste que l'amitié doit lui être si précieuse.  Moi-même qui redoute tant le monde, je trouve que mes amis me font vivre d'avantage.

Il me semble, à moi, que la beauté est un voile que la nature a mis sur le monde pour le rendre tolérable.

"Faire" n'est pas important, je crois l'important c'est "d'être", dans sa vie, dans son corps.

Il en va souvent ainsi des choses que l'on aime, c'est lorsqu'on comprend leur valeur.

Les vrais défis n'ont pas besoin d'admirateur.

L'art est dans l'oeil de celui qui fait l'image, et non dans l'instrument.

Pourquoi la route vers l'art est-elle pour certains, comme un sentier bordé de fleurs qu'on suit toujours en montant et, pour d'autres, une longue chute dans un gouffre sans fond ?  Tandis que certains marchent sereinement vers l'inconnu, d'autres ne font que tomber.  Pourquoi ?

Dans l'art, le difficile n'est pas seulement de creuser sans rien voir, c'est de tenir le plus longtemps possible et de ne pas céder, ni à la société qui a l'air de vouloir vous faire crever, ni à votre propre démon qui le veut tout autant;

La différence avec la peinture en parlant de la photo est que personne encore ne propose des écoles pour l'enseigner, la seule école c'est de travailler en studio pour faire un portrait ..... Cela permet de maîtriser la technique. Pour le reste, on apprend tout seul. C'est peut-être cela que j'étais venu chercher : trouver un art qui s'apprend tout seul, un art que l'Académie ne m'ait pas gâché, un art neuf et vierge qui me ferait l'honneur de naître et de grandir avec moi.

Ce qui me faisait peur dans la mort, c'était le mystère.

Mais pour autant, ceux qui vont aux Indépendants ne sont pas des pervers venus satisfaire un besoin d'immoralisme !  Ils sont seulement plus avertis, plus savants, plus formés aux goûts nouveaux, et plus curieux de la manière que du sujet.

La souffrance physique n'est pas la mort de l'âme, elle est son combat.  La tristesse, c'est la mort de l'âme.


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