dimanche 29 novembre 2015

Dans la peau d'une djihadiste Anna Erelle

DANS LA PEAU D'UNE DJIHADISTE

Anna ERELLE





Parution : 8 Janvier 2015
Format : 135 x 215 mm
Nombre de pages : 270
Prix : 18,00 €
ISBN : 2-221-15685-4




Avis de l'éditeur

Convertie à l'islam, Mélodie rencontre sur Facebook le chef français d'une brigade islamiste. En quarante-huit heures, il « tombe amoureux » d'elle, l'appelle nuit et jour, la presse de venir faire son djihad en Syrie et dans la foulée la demande en mariage, lui faisant miroiter une vie paradisiaque... De « chat » Facebook en conversation Skype, Mélodie se prend au jeu et commence à préparer secrètement son départ.
Des jeunes Européennes comme Mélodie, chaque semaine plus nombreuses à se laisser embrigader via Internet, l'auteur de ce livre en connaît des dizaines : c'est elle, Anna Erelle, qui se cache en réalité derrière le profil de « Mélodie ». Jeune reporter, elle travaille sur les réseaux de l'État islamique (EI) – dont la propagande numérique, le « djihad 2.0 », constitue l'une des armes les plus redoutables.
Pendant un mois, Anna se glisse ainsi dans la peau de Mélodie, et consacre ses journées à vérifier les confidences que son « prétendant » – proche d'Abou Bakr al-Baghdadi, le calife auto proclamé de l'EI – livre le soir derrière un écran d'ordinateur à sa « future épouse ». Dans une impatience grandissante que celle ci le rejoigne. Ce voyage est l'ultime étape, la plus dangereuse, de son reportage, et Anna l'a planifié dans les moindres détails. Elle part, comme prévu. Mais tout va déraper...
Une enquête-choc impossible à lâcher.
Le livre qui aide à comprendre le vrai visage des terroristes de l'EI.







Mon avis

Hasard du calendrier, cette enquête sur les filières du recrutement de l'Etat Islamique est parue le 8 janvier 2015, la journée de l'attentat de Charlie Hebdo.  Il avait rejoint ma bibliothèque et les tristes événements de ce vendredi 13 novembre à Paris m'ont donné l'envie de le lire.

Je voulais comprendre ce qui pousse des jeunes de chez nous à tout quitter pour cela.

C'est édifiant, cela fait froid dans le dos et je pense ne jamais avoir été dans un état de stress pareil lors de la lecture.

Anna Erelle est journaliste.  Elle a voulu savoir ce qui poussait ces jeunes à tout quitter pour se rendre là-bas.  Cette enquête a changé sa vie à tout jamais car une "Fatwa" est ouverte à son encontre et lui promet une mort atroce.  Elle est aujourd'hui encore obligée de se cacher et est protégée.

Nous sommes au printemps 2014, Anna a créé un profil sur Facebook, celui de Mélanie, son avatar est Jasmin de Disney.  Un vendredi soir, elle poste une vidéo d'Abou Bilel sur sa page.  Il est considéré comme un des bras droits du leader de l'EI Abou Bakr al-Baghdadi.

Le soir même, Bilel prend contact avec elle et lui demande un contact via Skype (plus facile).
Le dimanche il lui demande s'il peut être son courtisan.
Le lundi lui propose de l'épouser et d'aller le rejoindre là-bas.

Il est direct et promet de tout lui offrir. Un véritable lavage de cerveau commence.  En allant là-bas, elle sera une reine.  Il cherche à l'endormir en la berçant de douces mélodies.

Anna alias Mélanie portera une robe noire et un hijab (voile couvrant l'ovale du visage) pour lui parler via Skype. Un ami photographe prendra des photos durant le reportage.  Les contacts deviendront de plus en plus fréquents et il sera difficile à Anna de ne pas sombrer dans la schizophrénie passant de la journaliste à Mélanie.

Bilel deviendra de plus en plus envahissant au fur et à mesure de l'enquête et laissera apparaître son vrai caractère et des incohérences.  Lui qui se bat contre le capitalisme lui demandera des cadeaux de marque....

La technologie 2.0 est vraiment la technique de recrutement de nouveaux djihadistes.  A force de séduction et de promesses, ils incitent les jeunes un peu fragiles à rejoindre leurs rangs.  Par une lobotomisation, une perte d'identité et la prise d'un nouveau prénom arabe, ils deviendront ensuite un instrument de liaison.

Je suis convaincue que l'éducation et l'information sont essentielles pour éviter que des jeunes en quête de sens à leur vie ne succombent à leur appel.   C'est tout le bien fondé et la raison d'être de cette enquête qui certes n'a pas un grand style littéraire mais a le mérite de nous offrir la réalité et le quotidien du métier de journaliste et des risques liés à l'enquête.

Ce récit nous explique la volonté de Daesh de faire de ce monde un seul et unique Etat Islamique. Celui qui ne respecte pas leur loi suffit pour être déclaré un ennemi et doit disparaître.  Trois types de combattants existent ceux qui vont sur le front, les kamikazes et ceux qui rentrent au pays pour punir les infidèles.  Cela fait froid dans le dos mais ce témoignage est essentiel pour comprendre notre triste réalité.





Les  phrases interpellantes

Pour aboutir au même constat : peu importe d'où vient le candidat au djihad, son milieu social, sa religion, son entourage, il se tourne vers la religion après l'échec ou le mal-être de trop, se radicalise, puis part en Syrie afin d'intégrer l'une des nombreuses brigades islamistes qui y prolifèrent.

J'imagine mon avatar toulousain, Mél N, comme une ultrasensible, qui ne cherche pas à dominer mais plutôt à l'être afin de trouver un sens à son existence. Comme tant d'autres jeunes, peu importe l'époque, peu importe le milieu social, elle souffre du mal de vivre.

Tu me dis tuer des gens mauvais pour assainir le monde, mais pourquoi les mutiler ?  Si votre cause est noble, pourquoi une telle barbarie ?

Peu importe le milieu social ou les motivations cachées, l'organisation terroriste regorge d'arguments imparables pour les attirer dans ses filets.  Que le candidat veuille combattre ou faire de l'humanitaire, Daesh détient une solution pour tous.  L'organisation procure l'illusion d'accorder de l'importance à ces gamins perdus pour mieux les déposséder et les reformater.

Il manoeuvre pour non seulement les lobotomiser, mais aussi pour les culpabiliser.

Entre nous, le langage est cru et direct.  Les mots ne nous effraient pas.  Les maux, eux, nous atteignent de moins en moins au fur et à mesure que les années s'étiolent.

Tu peux tuer, tant que tu enlèves au monde une vie humaine qui ne respecte pas Allah.  Il n'y a rien de mal à ça, au contraire, il le faut.

Je lui ai confié certaines expériences douloureuses de ma vie personnelle, en lui livrant quelques clés qui m'ont aidée.  Mais on ne trouve jamais toutes les serrures, sinon la vie ne serait pas ce qu'elle est.

J'ai pour principe de toujours chercher d'abord le bon chez l'être humain, quel qu'il soit, et de penser qu'il existe des solutions aux situations compliquées que la vie nous impose inévitablement.

Tu ne dois pas changer la nature des choses, c'est écrit...  La charia répond à des lois strictes : si tu as n'importe quel problème demain, comme te faire agresser, voler ou autre, tu es considérée comme un kouffar si tu t'en plains  à ton pays.  Dans ce cas, tu deviens mon ennemi et celui du Tout-Puissant, puisque en te tournant vers la justice des hommes, tu deviens d'office une infidèle.

Plus que jamais je marche sur un fil.  J'ai tout à fait conscience de ne pas être devenue Mélanie, mais je me suis mise dans la peau d'un funambule phobique du vide.


vendredi 27 novembre 2015

Un été d'herbes sèches Daniel Crozes

Un été d'herbes sèches

Daniel Crozes




Rouergue
Format : 15 x 24
octobre 2015
240 pages
18,50 €
ISBN 978-2-8126-0978-7


Présentation de l'éditeur


Durant l’été 70, un adolescent passe ses vacances dans la ferme d’un oncle, perdue dans une vallée de l’Aveyron. On y travaille encore à l’ancienne, les journées sont laborieuses, le mode de vie archaïque et les mœurs rudes, mais le garçon s’attache à ce monde à l’agonie, dont l’oncle est l’un des derniers survivants…
Dans ce très beau roman aux tonalités autobiographiques, Daniel Crozes fait revivre les campagnes d’autrefois et nous fait partager l’émotion d’un monde disparu.

Mon avis

Un adolescent de quinze ans, l'été 1970, passe l'été à la campagne chez son oncle Kléber et Marie.

Marie, sa tante a cinquante et un ans, elle en fait vingt de plus, usée par l'attente durant la guerre.  Elle a épousé Kléber en 1939, elle avait vingt ans.  Cinq semaines plus tard, Kléber sera mobilisé.  Elle le retrouvera seulement en juin 1945.  Enceinte lors de son départ, elle fera une fausse couche et fera le deuil de la maternité.

Kléber et Marie sont pauvres.  Nous sommes dans la France rurale.  Ici pas de chauffage, pas d'eau courante, aucun confort dans cette petite exploitation agricole.  Notre ado aide son oncle pour les travaux de fenaison, à l'ancienne avec une faucheuse antique de 1914 tirée par deux boeufs.  Pas de tracteur.  Il prendra pourtant plaisir à vivre cette expérience à la dure à la campagne.

Il se rapprochera énormément de Kléber, ils deviendront complices.  Il aimera aussi récolter les confidences de Kléber sur la guerre, comprendre cette période dont on refuse de parler chez lui.

Les stigmates de la guerre sont toujours présents à Verhnes.  De lointains cousins occupent le Verhnes du milieu et celui d'en haut. Malgré les années, des tensions sont toujours vives.  Ils étaient collabos ou partisans du régime de Vichy durant la guerre.

Nostalgie et souvenirs, l'été 70 c'est aussi le tour de France, Merckx, le début du camping à la ferme, la recherche des traditions du passé mais aussi la solidarité du monde rural lorsque la santé de Kléber fera défaut.

J'ai pris beaucoup de plaisir dans cette lecture.  Une écriture agréable, poétique.  Daniel Crozes est un amoureux de la terre et des traditions, cela se sent.  Un roman du terroir qui se penche sur le souvenir et les rancoeurs de la seconde guerre.

Ma note : 7.5/10



Les jolies phrases

Cette crème au chocolat, nous la dégustâmes lentement et en silence.  C'était un délice.  Elle avait le goût des plaisirs vrais et simples.

Raymond l'approuva pour la soutane, affirmant qu'un chanoine sans soutane était déclassé et n'inspirait même plus le respect. Représentez-vous des gendarmes sans uniforme à un carrefour : ils passeront pour des clampins !  Ils pourront siffler, personne ne s'arrêtera!

Que de querelles stupides, de paroles fielleuses mais, surtout, de blessures jamais refermées!

L'honneur vaut plus que tout l'or du monde.

Les discussions avec Kléber avaient renforcé ma curiosité par rapport aux conditions de détention de mon père dans l'Allemagne d'Hitler.  Je me promettais d'interroger mon oncle dès la semaine suivante mais je me demandais, déjà, ce qui m'attendait.  Car j'avais découvert en quelques jours le fanatisme et ses dérives sanglantes, le cynisme, la violence politique, la cruauté et la lâcheté humaines, l'immoralité des profiteurs.

Certes, c'était un homme d'autrefois, en marge du progrès, mais les principes qui prévalaient à l'époque de sa jeunesse dans certaines familles paysannes en avaient décidé ainsi.  Quoique cette situation le handicapât aujourd'hui, elle ne lui enlevait pas ses qualités humaines.  En quelques semaines seulement, il était devenu le grand-père que j'aurais souhaité connaître, interroger, écouter, entourer d'affection.

En chemin, je songeai à l'agriculture telle que l'avaient pratiquée mes grands-parents, que j'avais découverte grâce à mon estivage aux Vernhes.  Elle disparaissait sous les assauts d'une révolution qualifiée de silencieuses mais efficace, modernisant les campagnes avec des machines et des races sélectionnées.  Ce monde que j'avais adopté le temps d'un été était à l'agonie.










lundi 23 novembre 2015

A la rencontre des éditions Diagonale

Les éditions Diagonale









J'ai envie de vous présenter une maison d'édition originale qui a vu le jour en 2014 grâce à la passion de deux femmes.  Cette maison a une particularité, elle ne publie que des premiers romans quel qu'en soit le genre.


Naissance




Anne-Gaëlle Dumont et Pascaline David

Deux amies passionnées de lecture constatent que les premiers romans ont énormément de difficulté à se faire éditer.  Les grandes maisons d'édition ne peuvent faire face à tous les auteurs et les accompagner correctement.  Le nombre de manuscrits reçus par les maisons d'éditions est trop important.  Les auteurs ont vraiment très peu de chance de sortir du lot.

Anne-Gaëlle Dumont est romaniste, prof de français durant quelques années.  Elle est passionnée tout comme Pascaline David, qui philosophe de formation, scénariste, a déjà travaillé dans le domaine du livre.  En effet, elle a dirigé une collection de premiers romans aux Editions Namuroises.

Elles décident ensemble guidées par l'amour du livre de créer la maison d'éditions "Diagonale".

Diagonale publiera des premiers romans n'ayant jamais été publiés à compte d'éditeur quelque soit le genre littéraire.

Compte d'auteur, compte d'éditeur ?

Un écrivain peut publier à compte d'auteurs cela veut dire que l'on parlera tout simplement d'une part financée par l'auteur.  Ce, sans travail éditorial ni suivi, il s'agit juste de l'impression du livre.


Diagonale veut aller plus loin et veut parier financièrement sur des nouveaux auteurs, le souhait principal est d'accompagner l'auteur vers la maturité.


Après, lecture d'un manuscrit et présélection. Le manuscrit est relu et les textes qui ont les meilleures chances d'arriver à un aboutissement sont sortis du lot. Ensuite un contact a lieu avec l'écrivain et commence le travail sur le texte. On va dire ce qui fonctionne, ce qui ne fonctionne pas, pousser l'auteur dans ses retranchements en améliorant le style, en réécrivant certains passages, en travaillant tout aussi bien le fond que la forme, le rythme du roman , la formation de romaniste d'Anne-Gaëlle est un réel atout mis à disposition des auteurs. Seuls les textes de qualité ayant touché Pascaline et Anne-Gaëlle auront ce travail d'accompagnement.
Les autres ne seront pas oubliés car chacun recevra une fiche de lecture en retour avec un avis sur le fond, la forme, reprenant les forces et les faiblesses de chacun.

En publiant peu de romans 2 à 5 maximum par an, c'est ainsi un gage de qualité ici recherché qui servira de tremplin aux auteurs de premier roman.


Les publications de Diagonale


  


Le premier publié fut une réédition du roman de Nicolas Marchal "Conquêtes véritables" Prix Première en 2009  publié aux éditions Namuroises.

La première production propre de  Diagonale "La vie en ville" de Damien Desamory nous parle de la solitude urbaine et est un miroir de la société et de la violence.

C'est la seconde publication qui m'a amenée à la découverte de cette maison d'éditions , le magnifique roman de John Henry  "Quand les ânes des collines sont devenus barbus"     mon avis sur ce très beau roman se trouve ici


Comment fonctionne Diagonale?

Par un appel à manuscrits.  Dans le premier appel, c'est plus de 150 manuscrits qui ont été reçus en deux mois de temps, de tous horizons, de tous pays.

Le second appel à manuscrits a eu lieu de novembre 2014 au 21/05/2015 et a rencontré le même succès, plus d'une centaine reçus.

Un manuscrit a été sélectionné et est en cours de retravail. On ne peut pas encore dire si ce retravail aboutira. Il y a de fortes chances que oui mais Diagonale reste prudent.
Le principe d'appel à manuscrits est original et participatif car pour envoyer un manuscrit, il y a lieu d'acheter un roman Diagonale, le talon se trouve en fin du livre.  L'idée est de permettre de faire connaître un auteur publié par la maison mais également de soutenir les libraires qui osent mettre en avant les premiers romans.  Cela permet de créer un lien dans le monde de l'édition.  L'objectif est d'éveiller la curiosité des libraires, des écrivains et des lecteurs.

Il est également possible au lecteur de s'affilier au Book Club de Diagonale pour recevoir à domicile dès leur parution les nouveautés de la maison.

Un joli coup de pouce pour la découverte de nouveaux talents.


Envie d'en savoir plus.

Anne-Gaëlle Dumont et John Henry étaient les invités de Canal Z le 25 mars 2015  , le lien de la vidéo se trouve sous cette photo





Si vous voulez en savoir plus , leur site se trouve ici

dimanche 22 novembre 2015

AZAMI Aki Shimazaki ♥♥♥♥♥

AZAMI

Aki Shimazaki

Azami

Actes Sud / Léméac
Janvier, 2015
10,0 x 19,0
136 pages
ISBN 978-2-330-03819-9
prix indicatif : 13, 50€


Avis de l'éditeur

Mitsuo Kawana, la jeune trentaine, est étonné quand il croise par hasard Gorô Kida, un ancien camarade de classe devenu le président d’une importante compagnie. Il est encore plus surpris lorsque celui-ci l’invite dans un club très sélect où travaille une autre ancienne amie d’école, la belle et mystérieuse Mitsuko, devenue entraîneuse.
Mitsuo mène une carrière de rédacteur pour une publication culturelle en attendant l’occasion de fonder sa propre revue d’histoire. En dépit d’un certain détachement sexuel, il s’entend bien avec Atsuko, la mère de ses deux enfants. Il se contente de fréquenter les salons érotiques pour combler ses besoins. Mais ces récentes retrouvailles fortuites raviveront en lui les rêves et les désirs de jeunesse.
Avec sa prose intimiste et précise, Aki Shimazaki explore cette fois ce que l’on devine derrière la paroi trop lisse des apparences.


Un mot de l'auteur

“On a raison de dire que j’écris « en français des romans très très japonais ». J’ai vécu au Japon jusqu’à l’âge de vingt-six ans et je n’avais jamais été à l’étranger avant cet âge. Je suis contente de pouvoir conserver mes origines japonaises à travers mes romans. En même temps, quand j’écris un roman, ce qui est important, c’est que mon histoire touche le coeur du lecteur. Je raconte la vie d’individus, ce qui est universel. La société japonaise ou des événements historiques du Japon que j’utilise ne sont qu’une toile de fond ou bien un thème secondaire.
Par ailleurs, mon style minimaliste, simple et direct est assez éloigné de la plupart des oeuvres littéraires japonaises. Les écrivains japonais écrivent de manière plus détournée. On ne dit pas les choses directement, au Japon.
[...] J’aime le style du haïku, ce court poème japonais de dix-sept syllabes. Si l’on trouve chez moi un héritage de la littérature nipponne comme les haïkus, j’en serai honorée. J’ai tenté d’écrire de ces poèmes quand j’étais étudiante, mais sans grand succès. Pour moi, c’était plus difficile que d’écrire des romans. [...]
C’est ma façon de m’interroger sur mes racines, de porter un regard critique sur le Japon. Bien que je sois maintenant canadienne, en tant que Japonaise d’origine je crois avoir la responsabilité de connaître ce que nos ancêtres ont fait.”


Mon avis


Aki Shimazaki est une auteur que j'adore. Elle a l'habitude de nous emmener dans des cycles romanesques. A son actif deux pentalogies "Le poids des secrets" et "Au coeur du Yamoto". Elle aborde ici dans ce premier volet d'un nouveau cycle l'intimité d'un couple trentenaire devenu "sexless", sans désir tactile, dans l'abstinence sexuelle.

Mitsuo Kawano a 36 ans, il est marié à Atsuko qu'il aime profondément depuis huit ans.  Deux enfants sont nés de leur union, depuis ils se sont peu à peu éloignés du lit conjugal.

C'est  Mitsuo qui sera le premier à nous raconter sa version.  Il est néanmoins un homme avec ses pulsions, ses besoins.  Il passe de temps à autre en rentrant du travail dans des pinksalons mais n'a jamais éprouvé le besoin d'avoir une autre relation, il aime sa femme.

Mitsuo est rédacteur dans une revue et un soir en rentrant du boulot il rencontre, hasard ou coïncidence, un ancien camarade de classe Gorô, devenu président de sa société, un personnage important.  Il l'emménera boire un verre dans un bar dans lequel travaille Mitsuko, son permier amour de jeunesse.  Elle occupera  ses pensées et deviendra une obsession pour lui.  L'envie de la revoir est forte, elle est belle, sexy ..

Aki Shimazaki avec beaucoup de finesse nous racontera l'évolution des sentiments de Mitsuo, l'intime de son couple, de ses relations.  Comme à chaque fois son écriture est simple, précise.  En utilisant des phrases courtes, elle plantera avec délicatesse le décor, décrira une atmosphère, une ambiance, créera un suspense.  Les liens entre les personnages se tisseront, s'entremêleront... Résultat : une petite perle comme toujours.

J'ai hâte de savoir qui sera le prochain à nous présenter sa version des faits: Atsuko, Mitsuko ou Gorô.  Mais que veut-il en réalité Gorô ? Quels sont leurs secrets ?

Je suis vous l'avez bien compris irrémédiablement sous le charme de cette jolie plume et attend avec impatience la suite.

Un coup de ♥

Les jolies phrases

La vie parfaite n'existe nulle part.  Sois content de ce que tu as.  D'abord de ton nom reçu à la naissance.

Serveuse ou entraîneuse, ce sont des métiers comme celui de rédacteur.  Je pais mes impôts comme tout le monde.  En plus, mes métiers sont probablement plus utiles que le tien.

C'es évident : l'homme et la femme s'attirent parce qu'ils sont opposés comme des aimants.

Chimies qui s'accordent.  On se croit amoureux, mais souvent l'amour ne dure pas longtemps à cause de ça.

Elle est belle, mais d'un abord difficile.  C'est à ce moment là que m'était venue à l'esprit l'image de la fleur d'azami.

Si on ne se marie que par convention comme par miaï, on reste tout le temps entre gens du même genre.  Les riches entre eux, les gens instruits entre eux.  C'est inquiétant.

samedi 21 novembre 2015

Les années douces Taniguchi

Les années douces

Adaptation par Jiro TANIGUCHI




Casterman
25/08/2010
ISBN : 2203029757
200 pages
15 euros 

Pour le tome 2
26/01/2011
ISBN : 2203034262
232 pages
16 euros

J'avais adoré la version originale en roman d'Hiromi Kawakami

Les Années douces de KAWAKAMI Hiromi

mon avis se trouve ici :  Les années douces 

Le manga - Mon avis

J'avais lu il y a un certain temps le roman d'Hiromi Kawakami et cela m'a naturellement donné l'envie de découvrir l'adaptation faite par Jiro Taniguchi.  J'adore les atmosphères et les traits de ce mangaka.

Tsukiko Omachi est une jeune femme célibataire de 37 ans.  Elle va régulièrement manger dans la gargote de Saturo.  Elle y rencontre par hasard son ancien professeur de japonais, Harutsuna Matsumoto qu'elle surnommera Maître.  Il est veuf et retraité.  Ils aiment tous les deux manger et boire du saké.  Ils se retrouvent régulièrement au comptoir de Saturo, souvent assis côte à côte sans rien se dire.

Petit à petit, ces rencontres deviendront des rendez-vous.  On partira à la découverte d'un marché, à la cueillette de champignons, à la fête des cerisiers en fleurs, sur une île...

Ils s'apprivoiseront mutuellement, un lien se créera entre eux, petit à petit, lentement, c'est la magie de la littérature japonaise.

L'adaptation de Taniguchi respecte fidèlement le texte de Kawakami, tant au niveau des expressions et du vocabulaire.  Le manga apporte des mouvements, des paysages.  Il fixe les traits et les expressions de Tsukiko.  C'est la première fois qu'un personnage principal est une femme chez Taniguchi.

Ce manga montre quelque chose à la fois ressemblant et en même temps différent du roman a dit Kawakami.  Un très bon moment.


Ma note : 9.5/10

Les jolies phrases

Comme si je m'étais sentie plus authentique avec lui que sans lui.

Au fond, vivre, c'est causer du tort à quelqu'un.

Moi qui croyais que nous étions comme ces marmites fêlées qui trouvent quand même le couvercle qui leur convient.  Il faut croire que je n'étais pas le couvercle qu'il lui fallait.

Alors que nous étions proches, ou plutôt parce que nous étions proches, nous ne pouvions nous rejoindre...

Je me suis rappelée ... C'est parce qu'on le nourrit, qu'il grandit !  L'amour, c'est comme ça !
... si elle ne se trompait pas... il me suffirait de rester longtemps sans voir le maître pour faire faner mon amour pour lui !

mardi 17 novembre 2015

Les gens dans l'enveloppe Isabelle Monnin ♥♥♥♥♥

Les gens dans l'enveloppe

Isabelle Monnin






















JC Lattès
EAN : 9782709649834
Parution : 02/09/2015
370 pages
22.00 €


Avis de l'éditeur

Roman et enquête écrits par Isabelle Monnin
Chansons d’Alex Beaupain

En juin 2012, j’ai acheté sur Internet un lot de 250 photographies d’une famille dont je ne savais rien. Les photos me sont arrivées dans une grosse enveloppe blanche quelques jours plus tard. Dans l’enveloppe, il y avait des gens à la banalité familière, bouleversante. Je n’imaginais alors pas l’aventure qu’elle me ferait vivre.

J’allais inventer la vie de ces gens puis je partirais à leur recherche. Un soir, j’ai montré l’enveloppe à mon meilleur ami, Alex Beaupain. Il a dit : « On pourrait aussi en faire des chansons. » L’idée semblait folle.

Le livre contient un roman, un album photo, le journal de bord de mon enquête et un disque, interprété par Alex, Camelia Jordana, Clotilde Hesme et Françoise Fabian. Les gens de l’enveloppe ont prêté leur voix à deux reprises de chansons qui ont marqué leur vie.

Les gens dans l’enveloppe est ainsi un objet littéraire moderne et singulier. Faisant œuvre de vies ordinaires, il interroge le rapport entre le romancier et ses personnages. Il est surtout l’histoire d’une rencontre, entre eux et moi.


Mon avis

En juin 2012, Isabelle Monnin achète sur Internet un lot de 250 photos.  Ces photos l'accompagneront deux ans et demi.  De cette famille dont elle ne sait absolument rien, elle créera une vie, une histoire, un destin.  Elle essaiera de les retrouver pour de vrai, de les rencontrer.  Elle les apprivoisera, partagera leur vie, deviendra presque intime.

Une famille ordinaire, des gens à la banalité familière, mais non Isabelle dit "Je crois que toute vie vaut la peine d'être racontée, chaque vie est un témoignage de toutes les autres.  On racontera  une époque, une terre, un petit monde.  On racontera la vie des gens dont on ne parle jamais.  Elle vaut autant que celles dont on parle - autant et si peu."

Isabelle Monnin arrive ici avec un objet particulier, un triptyque où dans la première partie elle invente une histoire extraordinaire à ces gens.  Elle m'a bouleversée, émue, tenue en haleine jusqu'au bout du roman.  Cela pourrait s'arrêter là, mais Isabelle se pose des questions : à qui appartiennent les photos? A elle ? Aux gens ?  Peut-elle les utiliser ?   Des questions qui la poussent à retrouver les gens.

C'est ce qu'elle partage avec nous dans la seconde partie sous la forme d'un journal d'écriture qui nous les présentera.  Là, quelque chose d'extraordinaire se passe, le fil se dénoue, on remonte peu à peu à chacun et cela fonctionne, on a envie d'en savoir plus.  Je pense que c'est l'amour, l'attention qu'elle leur porte, la confiance qu'ils lui donnent qui fait que la sauce prend si bien.

Pour terminer le tout, Alex Beaupain habille le tout de chansons et enregistre avec eux, grâce à une belle complicité des chansons qui racontent le roman.  Je les ai écoutées avec beaucoup de plaisir et une fois de plus l'émotion était au rendez-vous.

Bravo Madame Monnin, merci aux gens, un petit coup de coeur pour la sensibilité et l'émotion de ce roman.

Un coup de ♥


Si vous n'êtes pas convaincu, je viens de regarder la vidéo de ONPC , regardez-la ,  je suis certaine que vous allez avoir envie de le lire.



Les jolies phrases

Le silence, c'est pour être certaine d'entendre, une arme de sioux.  Je regarde le ciel, j'écoute les nuages et la terre.

Je me tais encore mais il n'y a plus le silence, il n'y a plus la solitude, il y a nous deux et un petit ballon excité fait rebondir nos prénoms jusqu'à tout le temps, Sébastien, Laurence  Laurence  Sébastien.

Sa tendresse est la mer que j'attendais pour savoir nager.

Les jambes de Michelle agitées d'orties.  Aucun endroit où elle puisse poser son corps sans chercher les issues, aucune place dont elle puisse dire Ici est ma place.

Son chariot est une chaloupe qui appelle Michelle, un canot de sauvetage qu'elle prendra, bien sûr qu'elle le prendra, regardez-là, elle est déjà à bord.

Disparue c'est orpheline sans l'être, c'est tu peux bien gueuler personne ne t'entend.

Où vont les secrets quand il n'y a plus personne à qui les cacher ?

Ne pas avoir eu d'enfance est un trou qu'on ne remplira jamais.

On ne retient pas la vie, on peut juste s'en souvenir.  La vie est comme les secondes, elle se fiche de nos efforts, elle coule dans un perpétuel effacement.  Du sable entre les doigts, une goutte d'eau sur une pierre chaude.

J'ai compris qu'avoir une amie est une chose qui ne s'explique pas, une sensation pleine qu'on ne peut pas dire. C'est comme se sentir en vie, une chose à laquelle on n'a pas besoin de penser.  Au contraire : si on y pense, ça s'évapore.

Elle attend la mort comme elle attendait la naissance lorsqu'elle a porté.  Le désir de vivre et le désir de mourir à égalité, pas de préféré.  Les deux pareils, ses enfants chéris, ses petits si mal aimés.

J'écris des points de suspension à défaut de savoir dessiner l'émotion, fossile liquide de chagrins anciens, qui noie la fin de sa phrase.  Il est l'enfant abandonné.  Une fois par son père, une fois par sa mère, combien de fois par la vie ?

On pourrait dire que se raconte une vie, ordinaire et extraordinaire comme toutes les vies.

J'ai réussi mais j'ai raté parce que je ne fais pas ce que j'aime.

Quand il y a de l'ombre, il y a toujours de la lumière et une simple bougie suffit à éclairer l'ombre.  La lumière gagne toujours.

Les blessures de l'enfance ont ceci de commode qu'on les connaît par coeur, on en sait tous les recoins, elles font mal mais elles ne surprennent pas.

Je vais les connaître, ils vont me faire confiance, ils me raconteront des choses, m'en cacheront d'autres, ils pleureront, ils riront, ils s'étonneront de me dire tout cela.  Je sais pourtant que je n'accéderai pas à leur intérieur.  Je n'aurai jamais que l'enveloppe des gens.

Notre relation a changé depuis notre première rencontre.  Nous sommes au seuil de l'amitié et on n'enregistre pas ses amis. On ne raconte pas à tout le monde les moments d'intimité.







mercredi 11 novembre 2015

Tendre Violette Tomes 2 et 3 Servais

Tendre Violette

Servais

La Cochette



Casterman
Scénario : Gérard Dewamme
Dessin : Jean-Claude Servais
Couleurs : Raives
Réédition : 11/2000
ISBN :2-203-38962-1
Planches :64
Prix conseillé : 14.50 euros
Réédition partielle colorisée du tome 1 de la version N&B n° 36170

Résumé


Violette vit seule, au fond de la forêt. Violette vit libre, une bouteille à la main. Elle connaît les plantes, les animaux, les lois de la nature. Les hommes la cherchent souvent, la trouvent aussi mais ne peuvent pas l’attraper; en tout cas pas plus que ça; par-ci, par-là, au gré de ses promenades, sans contrainte, mais pas la peine d’essayer de la boucler dans une forteresse, de la ligoter dans une robe et un corset, même si on l’aime et qu’on a les meilleures intentions du monde. Les femmes qu’elle fait cocues la haïssent et Violette rit – sa bouteille à la main. Parfois on cherche aussi vraiment à lui faire du mal, l’accusant de tous les vices et de tous les crimes. Mais Violette sait que, pour rester libre, il lui faudra souvent payer le prix fort.

Mon avis


Violette vit dans les bois, elle récolte morilles, herbes, lièvres, truites et file les vendre au marché.  Elle gagne sa vie  et de quoi boire un coup.  Cette belle sauvageonne fait l'objet de convoitise, d'envie et de jalousie.

Violette est surprise avec Gustin à Jamogne. Gustin c'est le gars de La Cochette de  "Les Bulles", elle n'apprécie guère cette tromperie.  Les deux bandes rivales vont donc s'affronter.  Violette et la Cochette.   Pauvre Gustin. 

On rencontre beaucoup de personnes dans ce volume, des portraits bien dépeints, qu'elle est donc ce loup qui rode dans la région ?  Nous retrouvons Julien le baron du premier volume et faisons connaissance avec Vanesse l'épicier, Any au couvent, Frédérick...   Bienvenue dans le monde de Violette.


J'ai vraiment apprécié cette galerie de personnages sur fond de polar.  Les dessins sont toujours splendides. Il n'y a pas spécialement de liens entre les mini-histoires.

J'ai enchaîné avec le troisième volet.




Tome 3

Malmaison


Casterman
Scénario : Gérard Dewamme
Dessin : Jean-Claude Servais
Couleurs : Raives
Réédition : 05/2001
ISBN :2-203-38971-0
Planches :72
Prix conseillé : 14.50 euros

Résumé


Malmaison est le 3e album de la célèbre série “Tendre Violette”, rééditée aujourd'hui en couleurs. L’aventure que Violette va vivre ici débute par une nouvelle rencontre avec Bourguignon qui s'initie à l'art de la photographie et est aussi à la recherche de l'identité de ses parents qu'il n' a pas connus. Il revient d'un long voyage et s'installe chez Violette quelque temps. Une vie plutôt calme commence pour cette sauvageonne, jusqu'au jour où elle tombe enceinte. Bourguignon incite Violette à consulter un médecin. Violette, elle, préfère les bons conseils de la mère Lucy qui connaît les plantes et pratique la sorcellerie. Violette accepte cependant de faire suivre sa grossesse par un médecin qui a pour associé un nain haï par tous. Un lien mystérieux unit les trois histoires, Violette enceinte, Bourguignon orphelin, le médecin et son acolyte.

Mon avis

C'est toujours un grand plaisir de retrouver Violette.  Cette sauvageonne est amoureuse.  Elle retrouve Bourguignon qui rentre d'Italie. Bourguigon est à la recherche de ses parents, il fait de la photographie. Il va l'aider à transformer sa maison en piteux état en un confortable nid d'amour.  Violette n'est pas en forme, elle veut consulter Lucye la guérisseuse mais son compagnon l'oblige à voir le médecin du coin.  Elle y rencontre Thomas , un nabot étrange assistant du médecin.  Un lien unira ces protagonistes.  Une bd qui prend un petit air de polar.   Toujours aussi belle Violette.  

Ma note : 9/10

Ils ont rejoint ma Pal, mon énOOOOrme craquage parisien

Enorme craquage parisien

C'est pas pour rien que je fais partie d'un groupe qui se nomme Lecteurs belges compulsifs, si vous n'avez pas compris ce que cela signifie vous allez vite le comprendre en lisant cet article.  Ben oui à force de lire les avis et coups de coeur de tout le monde , on a plein d'envies et lorsque l'occasion se présente pour les assouvir.  Je craque.  Si en plus je suis de passage à Paris (merci GibertJoseph et Boulinier)  et que je peux faire des affaires, je me fais plaisir.  Bon allez je me lance, vous allez comprendre.

Voici ceux qui ont rejoint ma Montage à lire....



Vous avez compris, ne vous faites pas de torticolis voici le détail :

Une bd que ma binôme m'a donné envie de découvrir

L'indivision             Springer et Zidrou

















Futuropolis
Parution ; 20/08/2015
215 x 290 mm
64 pages
Prix de vente : 15 €
Code Sodis : 790334
ISBN : 9782754810036

Avis de l'éditeur


Une falaise au bout du chemin des douaniers, quelque part dans le Pas-de-Calais. Le printemps, impatient, se donne parfois des airs d’été. Un homme attend une femme, sa voiture à l’arrêt. Quand, enfin, elle arrive, c’est pour lui annoncer que leur relation est terminée. Terminée. Que la dernière fois, elle n’aurait pas dû. Que les enfants… que son mari…Que… La culpabilité et les regrets qui mettent fin à toute relation adultère. Elle repart. Il reste là. Sur cette falaise. « La falaise aux baisers volés », comme il l’appelle. Lui, c’est Martin. La trentaine. Il travaille dans une compagnie maritime. Elle, c’est Virginie. Bientôt quarante ans. Elle est vétérinaire. Ils sont frère et soeur. Et ils s’aiment. Tout a commencé alors que Virginie avait 18 ans et Martin 16. Un jeu d’adolescent curieux. Puis chacun d’eux a cherché à fuir cet amour interdit ? Elle, dans un mariage confortable. Lui, en acceptant des années durant un poste lointain, à Abu Dhabi. Mais, depuis son retour voici quatre ans, leur relation a repris. Plus forte, plus passionnelle encore… Aujourd’hui, elle veut tout arrêter, elle parle de leur relation comme d’une drogue qui les détruit peu à peu… Après le succès de librairie du Beau Voyage, le duo Springer-Zidrou récidive avec un récit à nul autre pareil, fort, sensuel, magnifique !


Une autre envie donnée par ma binôme, j'ai craqué ce matin

Facteur pour femmes      Quella-Guyot/Morice


Grand Angle
Scénariste : Didier QUELLA-GUYOT
Dessinateur : Sébastien MORICE
Parution : 09/09/2015
Prix France : 18,90 €
120 pages
ISBN 978-2-81893-413-5 C.Hachette : 12 6209 4

Avis de l'éditeur

1914. Sur une île bretonne, tous les hommes sont mobilisés, sauf Maël : un rêve au milieu des femmes esseulées...

La Première Guerre mondiale vide une petite île bretonne de ses hommes. Il ne reste plus que les enfants, les vieux et les femmes. Parce qu’il a un pied-bot, Maël n’est pas mobilisé. Il devient le seul homme, jeune et vigoureux, de l’île… bientôt facteur, bientôt amant…

Vous n'êtes pas sans savoir que j'adore Jirô Taniguchi, je n'ai pu résister à compléter notre collection avec cette anthologie


Une anthologie            Jirô Taniguchi


CASTERMAN
Parution : 01/12/2010
Pages : 504
Prix : 30,00 €
Dimensions : 17.2x24x3.8 cm
ISBN : 2203034866

Avis de l'éditeur

Proposé dans une édition cartonnée luxueuse déjà utilisée pour QUARTIER LOINTAIN et Le Journal de mon père du même Jirô Taniguchi, ce volume rassemble deux titres du maître japonais précédemment publiés chez Casterman : Terre de rêves, préalablement paru dans la collection Ecritures en 2005, recueil de cinq récits courts centrés sur la vie quotidienne, et L’Homme de la toundra, initialement paru l’année suivante sous le label Sakka, autre recueil d’histoires courtes d’inspiration plus naturaliste. Deux autres histoires, inédites en français, viennent compléter cette anthologie de 504 pages.

J'avoue que pour les suivants c'est l'occasion qui a fait que , à 3 euros pièce, impossible de les laisser d'autant plus qu'ils me faisaient envie.

Les échoués            Pascal Manoukian

Don Quichotte éditions
Parution le 20/08/2015
304 pages
Taille : 140*205
Prix : 18,90 euros
ISBN : 978-2-35949-434-1


Avis de l'éditeur

« Le chien était revenu. De son trou, Virgil sentait son haleine humide. Une odeur de lait tourné, de poulet, d’épluchures de légumes et de restes de jambon. Un repas de poubelle comme il en disputait chaque jour à d’autres chiens depuis son arrivée en France. Ici, tout s’était inversé, il construisait des maisons et habitait dehors. Se cassait le dos pour nourrir ses enfants sans pouvoir les serrer contre lui et se privait de médicaments pour offrir des parfums à une femme dont il avait oublié jusqu’à l’odeur… »


1992. Lampedusa est encore une petite île tranquille et aucun mur de barbelés ne court le long des enclaves espagnoles de Ceuta et Melilla. Virgil, le Moldave, Chanchal, le Bangladais, et Assan, le Somalien, sont des pionniers. Bientôt, des millions de désespérés prendront d’assaut les routes qu’ils sont en train d’ouvrir.
Arrivés en France, vivants mais endettés et sans papiers, les trois clandestins vont tout partager, les marchands de sommeil et les négriers, les drames et les petits bonheurs.


Un mot sur Irène      Anne  Akrich


Julliard
Parution : 20 Août 2015
Format : 1 x 205 mm
Nombre de pages : 216
Prix : 18,00 €
ISBN : 2-260-02902-7

Avis de l'éditeur

Un parfum de scandale sexuel flotte dans le milieu universitaire depuis la mort, à New York, d'Irène Montès, une intellectuelle de renom. Alors qu'elle devait donner une importante conférence sur les gender studies, son cadavre a été retrouvé nu dans une chambre d'hôtel, au côté d'une poupée gonflable. Mais qui était-elle vraiment ?
À travers les yeux de son mari, Léon Garry, professeur à la Sorbonne, la flamboyante personnalité d'Irène nous est peu à peu dévoilée, tout comme la relation trouble qui unissait les deux époux. Jadis mentor d'Irène, Léon était devenu son pantin, dans un théâtre de la cruauté qui le condamnait au rôle de voyeur. Jusqu'ou peut dériver un homme dont les fantasmes inassouvis brouillent la perception du réel et de l'imaginaire ?
Porté par une écriture et un érotisme vibrants, ce récit crépusculaire fouille les arcanes du couple dans ses replis les plus intimes.


C'est la saison des prix littéraires, depuis le début je lorgnais le désormais Goncourt.  Je l'ai trouvé en solde alors pourquoi pas ?

Boussole             Mathias Enard


Actes Sud
Août, 2015
14,5 x 24,0 
400 pages
ISBN 978-2-330-05312-3
prix indicatif : 21, 80€

Avis de l'éditeur


La nuit descend sur Vienne et sur l’appartement où Franz Ritter, musicologue épris d’Orient, cherche en vain le sommeil, dérivant entre songes et souvenirs, mélancolie et fièvre, revisitant sa vie, ses emballements, ses rencontres et ses nombreux séjours loin de l’Autriche – Istanbul, Alep, Damas, Palmyre, Téhéran… –, mais aussi questionnant son amour impossible avec l’idéale et insaisissable Sarah, spécialiste de l’attraction fatale de ce Grand Est sur les aventuriers, les savants, les artistes, les voyageurs occidentaux.
Ainsi se déploie un monde d’explorateurs des arts et de leur histoire, orientalistes modernes animés d’un désir pur de mélanges et de découvertes que l’actualité contemporaine vient gifler. Et le tragique écho de ce fiévreux élan brisé résonne dans l’âme blessée des personnages comme il traverse le livre.
Roman nocturne, enveloppant et musical, tout en érudition généreuse et humour doux-amer, Boussole est un voyage et une déclaration d’admiration, une quête de l’autre en soi et une main tendue – comme un pont jeté entre l’Occident et l’Orient, entre hier et demain, bâti sur l’inventaire amoureux de siècles de fascination, d’influences et de traces sensibles et tenaces, pour tenter d’apaiser les feux du présent.


Le prix Médicis 


Titus n'aimait pas Bérénice                   Nathalie Azoulai


POL
septembre 2015
416 pages, 17,9 €
ISBN :
978-2-8180-3620-4

Avis de l'éditeur

Quand on parle d’amour en France, Racine arrive toujours dans la conversation, à un moment ou à un autre, surtout quand il est question de chagrin, d’abandon. On ne cite pas Corneille, on cite Racine. Les gens déclament ses vers même sans les comprendre pour vous signifier une empathie, une émotion commune, une langue qui vous rapproche. Racine, c’est à la fois le patrimoine, mais quand on l’écoute bien, quand on s’y penche, c’est aussi du mystère, beaucoup de mystère. Autour de ce marbre classique et blanc, des ombres rôdent.
Alors Nathalie Azoulai a eu envie d’aller y voir de plus près. Elle a imaginé un chagrin d’amour contemporain, Titus et Bérénice aujourd’hui, avec une Bérénice quittée, abandonnée, qui cherche à adoucir sa peine en remontant à la source, la Bérénice de Racine, et au-delà, Racine lui-même, sa vie, ses contradictions, sa langue. La Bérénice de Nathalie Azoulai veut comprendre comment un homme de sa condition, dans son siècle, coincé entre Port-Royal et Versailles, entre le rigorisme janséniste et le faste de Louis XIV, a réussi à écrire des vers aussi justes et puissants sur la passion amoureuse, principalement du point de vue féminin. En un mot, elle ne cesse de se demander comment un homme comme lui peut avoir écrit des choses comme ça. C’est l’intention de ce roman où l’auteur a tout de même pris certaines libertés avec l’exactitude historique et biographique pour pouvoir raconter une histoire qui n’existe nulle part déjà consignée, à savoir celle d’une langue, d’un imaginaire, d’une topographie intime. Il ne reste que peu d’écrits de Racine, quelques lettres à son fils, à Boileau mais rien qui relate ses tiraillements intimes. On dit que le reste a été brûlé. Ce roman passe certes par les faits et les dates mais ce ne sont que des portes, comme dans un slalom, entre lesquelles, on glane, on imagine, on écrit et qu’on bouscule sans pénalités.
Dans cette vie de Racine, une vie de Racine, Nathalie Azoulai raconte, d’une part, sa double allégeance, au jansénisme et au pouvoir royal, et d’autre part, l’histoire de sa langue si faussement lumineuse, si pleine d’opacités, comprendre de quoi elle s’est nourrie, ce qu’elle a gardé de la convention, ce qu’elle en a jeté, ce qu’elle a inventé.
La chronologie est linéaire, elle suit les pas de Racine dans l’écriture et dans le monde, une pièce après l’autre, en choisissant de placer au centre de ce parcours cette fameuse tragédie où il entend « faire quelque chose à partir de rien ». Titus n’aimait pas Bérénice, c’est une façon de rationaliser le chagrin d’amour, de dire que Bérénice a raison d’être aussi atteinte en comprenant que Titus ne l’aime pas autant qu’elle l’aime, et d’arrêter de penser que Titus l’a quittée contre sa volonté. Il l’a quittée parce qu’il ne l’aimait pas, pas assez. C’est une façon de statuer et de conclure bien que la pièce de Racine reste ouverte à toutes les lectures possibles. C’est une manière d’imaginer une élégie moderne, ce verbe qui pleure, qui s’écoule vers le bas pour dire le manque, l’erreur et la déception, le temps que dure le chagrin.

Le grand prix du roman de l'Académie française

2084 La fin du monde                       Boualem Sansal


NRF Gallimard
La Blanche
Parution : 20/08/2015
288 pages
140 x 205 mm
Prix : 19.50 euros
ISBN : 9782070149933

Avis de l'éditeur

L’Abistan, immense empire, tire son nom du prophète Abi, «délégué» de Yölah sur terre. Son système est fondé sur l’amnésie et la soumission au dieu unique. Toute pensée personnelle est bannie, un système de surveillance omniprésent permet de connaître les idées et les actes déviants. Officiellement, le peuple unanime vit dans le bonheur de la foi sans questions.
Le personnage central, Ati, met en doute les certitudes imposées. Il se lance dans une enquête sur l’existence d’un peuple de renégats, qui vit dans des ghettos, sans le recours de la religion…
Boualem Sansal s’est imposé comme une des voix majeures de la littérature contemporaine. Au fil d’un récit débridé, plein d’innocence goguenarde, d’inventions cocasses ou inquiétantes, il s’inscrit dans la filiation d’Orwell pour brocarder les dérives et l’hypocrisie du radicalisme religieux qui menace les démocraties.


Un autre livre de la rentrée, l'auteur sera présente le 30 janvier 2016 au salon de Lire c'est libre.  Ce sera l'occasion de la rencontrer.

Un homme dangereux                  Emilie Frèche



Stock
Collection : la bleue
Parution 19/08/2015
288 pages
Format : 135 x 215 mm
EAN : 9782234079854
Prix : 19.50 €

Avis de l'éditeur

« Pourquoi est-on toujours attiré par les histoires qui ne sont pas faites pour nous ?


Je n'oublie pas les auteurs belges.  Il est vrai que "Prélude de cristal" est toujours dans ma Pal mais il me tente beaucoup.

Noël en décembre                       Bernard Tirtiaux


J.C.Lattès
EAN : 9782709649131
Parution : 30/09/2015
250 pages
18.00 €

Avis de l'éditeur

Juin 1914, après une année universitaire à Bruxelles, Karla, fille unique d’une famille berlinoise aisée, s’apprête à rentrer chez elle sans avouer à sa famille qu’elle est enceinte. Pendant le voyage, elle accouche prématurément et confie sa fille, Luise, aux fermiers wallons qu’ils l’ont sauvée.

La guerre éclate et Luise est élevée avec les autres enfants des fermiers dont le petit Noël, de quatre ans son aîné, qui deviendra son protecteur. Et lorsque, huit ans plus tard, Karla revient chercher Luise, Noël n’aura de cesse de retrouver celle qu’il aime comme une sœur et plus encore.
Noël deviendra photographe puis pilote en 1930. Une nouvelle fois, le souffle de la guerre va bouleverser leurs destins et Luise et sa famille vont disparaître dans les camps.

Ce beau roman parcourt trente années d’absence et de passion racontées par Noël comme une longue lettre adressée à Luise qu’il espère toujours retrouver.

Rencontrée lors de la dernière foire du livre, j'avais envie de découvrir "Emplacement réservé" , ce sera notre lc de décembre avec Les petites lectures de Scarlett

Emplacement réservé      Corine Jamar



Le Castor Astral
ISBN 979102780452
15,90 EUR
176 pages
octobre 2015

Avis de l'éditeur


Emma, huit ans, handicapée, a droit à un emplacement réservé devant la maison. Sauf que des voitures – de l’innocente familiale au panier à salade, en passant par le corbillard et la Porsche – s’y installent à la place de celle de sa mère. Celle-ci voit rouge et décide de prendre le taureau par les cornes. Si la bataille contre les égoïsmes de tout poil que mène cette jeune mère en colère pour défendre sa fille bien-aimée prend parfois des allures de corrida, l’humour est toujours présent. C’est une des plus jolies formes de l’amour.

« Voilà. Ma fille avait obtenu une place. Oh, ce n’était pas une place au soleil, loin s’en faut, mais c’était une place sûre, qu’elle occuperait toute sa vie. À propos, vous savez ce que m’a dit l’artiste qui a peint ce chef-d’œuvre, je parle de l’emplacement réservé ? Il m’a dit : « Une fois par an, vous devez appeler le commissariat, pour qu’on vienne le repeindre. » Comment ça, le repeindre ? On a découvert des peintures rupestres datant de 32 000 ans et, aujourd’hui, on n’est pas fichu de faire durer plus de 365 jours quatre traits de peinture blanche industrielle ? »

Il y en avait un qui m'intriguait, j'ai vu tellement d'enthousiasme sur la blogosphère que voilà je l'ai enfin trouvé et vais pouvoir me faire ma petite idée sur ce qui semble être une petite merveille.

Zoé                      Alain Cadéo


Mercure de France
La Bleue
Prix 14.80
Roman
05-02-2015
ISBN : 9782715235571
11,8x18,5 cm

Avis de l'éditeur


Depuis que Zoé et moi échangeons nos écrits, j’ai la bonne impression d’avoir brisé ma solitude. Elle est, avec son écriture ronde, une petite boule de tendresse et d’originalité versée dans le café noir de ma mélancolie. Quand je vais à la boulangerie, c’est désormais un réconfort de la voir exister au milieu des autres. Plus personne ne fait attention à moi. On ne me regarde plus de travers. Je suis enfin un vrai client, un habitué. Notre minute est devenue quart d’heure. Elle joue, rien que pour moi, son numéro parfait de boulangère.

Henry vit retiré dans une espèce de fort isolé au bout d’une piste de dix kilomètres. Tous les deux jours, le vieil homme se rend au village voisin pour acheter son pain. C’est à la boulangerie qu’il rencontre Zoé, la jeune vendeuse de dix-huit ans. Au fil du temps, une curiosité réciproque et une complicité muette s’installent entre eux. Chacun est intrigué par l’autre, au point qu’un dialogue épistolaire et presque clandestin s’instaure : Zoé glisse des petits billets dans les miches de pain qu’achète Henry auxquels il répond avec une constance sans faille.

Alain Cadéo a écrit plusieurs romans dont Stanislas, Le mangeur de Peur, Les anges disparaissent, La corne de Dieu, et des textes pour le théâtre. Il vit à Évenos, en Provence.


Et enfin, cela fait un moment qu'il me tente, n'est-ce pas La fée Lit, tentatrice...  L'envie de me replonger dans l'univers de New Orleans....



Carnaval                                 Ray Celestin


Cherche Midi
Traducteur : Jean SZLAMOWICZ
Parution : 13 mai 2015
ISBN : 978-2-7491-4354-5
16,99 € 

Avis de l'éditeur
Un premier roman exceptionnel, basé sur des faits réels survenus à La Nouvelle-Orléans en 1919.


Au coeur du Sud profond, La Nouvelle-Orléans, construite sur des marécages en dessous du niveau de la mer, a toujours été aux prises avec tornades, inondations et épidémies de toutes sortes. La nature du sol en fait une cité qui s'affaisse, où les morts ne peuvent être enterrés. Alligators, serpents, araignées hantent ses marais. Nombre de menaces ont toujours plané au-dessus de la ville. Et pourtant...
Lorsqu'en 1919 un tueur en série s'attaque à ses habitants en laissant sur les lieux de ses crimes des cartes de tarot, la panique gagne peu à peu. On évoque le vaudou. Les victimes étant siciliennes, les rivalités ethniques sont exacerbées. Un policier, Michael Talbot, un journaliste, John Riley, une jeune secrétaire de l'agence Pinkerton, Ida, et un ancien policier tout juste sorti de prison, Luca D'Andrea, vont tenter de résoudre l'affaire. Mais eux aussi ont leurs secrets... Alors qu'un ouragan s'approche de la ville, le tueur, toujours aussi insaisissable, continue à sévir. Le chaos est proche.


Tensions raciales, corruption, vaudou, jazz et mafia : Ray Celestin a puisé l'inspiration dans cette véritable série de meurtres qui ont enflammé La Nouvelle-Orléans. Il nous offre un premier roman inoubliable, au suspense omniprésent, doublé d'un portrait de la ville d'un réalisme peu commun. Depuis L'Aliéniste de Caleb Carr, on n'avait jamais lu ça !

Bon voilà c'est tout, je sais c'est beaucoup mais c'était mon anniversaire aussi alors il faut se faire plaisir.  Reste à trouver le temps de lire tout ça.  Je crois que je vais m'interdire de librairie et de concours pour un moment car ce coup-ci ma Pal va s'effondrer.

dimanche 8 novembre 2015

Neverhome Laird Hunt

Neverhome

Laird Hunt


Neverhome

Actes Sud
Septembre, 2015 
11,5 x 21,7 
 272 pages
traduit de l'américain par : Anne-Laure TISSUT
ISBN 978-2-330-05302-4
prix indicatif : 22, 00€ 


Avis de l'éditeur

Dans la ferme de l’Indiana qui l’a vue grandir, Constance jouit enfin, auprès de son compagnon, d’un bonheur tranquille. Mais lorsque la guerre de Sécession éclate et que Bartholomew est appelé à rejoindre les rangs de l'armée de l'Union, c’est elle qui, travestie en homme, prend sans hésitation, sous le nom d’Ash Thompson, la place de cet époux que sa santé fragile rend inapte à une guerre qu’elle considère comme impensable de ne pas mener.
Ayant perdu la trace de son régiment après une bataille féroce où elle a été blessée, Constance, la rebelle, dépouillée de son uniforme, reprend, au sein de paysages dévastés, le chemin de la ferme, guidée par l’amour infini qu’elle porte à son bien-aimé mais profondément hantée par la violence et l’étrangeté des aventures qui ont marqué sa périlleuse initiation à l’univers impitoyable des champs de bataille et à leurs sordides coulisses.
Abondant en rencontres aux frontières du réel avec les monstres que la guerre fait des hommes et des lieux, ce roman magistral, largement salué par la presse américaine, propose, à travers le parcours de son androgyne et farouche protagoniste immergée dans les ténèbres du chaos, une impressionnante méditation en forme d’épopée sur la fragilité des certitudes et l’inconstance de toute réalité.

L'auteur nous en parle




Mon avis

J'ai découvert ce roman quelques jours avant sa parution officielle, c'était lors de l'Intime Festival de Namur en août dernier.  Laird Hunt était présent pour une rencontre. Une belle découverte, une plume magnifique qui m'a bouleversée lors des lectures.

Avec ma binôme nous avons décidé d'en faire une LC et une fois de plus nous sommes du même avis.  L'avis des Petites Lectures de Scarlett se trouve ici. Une plume magnifique surtout dans les deux premiers tiers, pas assez pour être un coup de coeur mais une très belle lecture.

Nous sommes pendant la guerre de sécession.  Dans sa ferme de l'Indiana, Constance et Bartholomew coulent des jours heureux jusqu'à ce que Bartholomew soit appelé à rejoindre le rang des Confédérés. Constance se sent plus forte et prendra sa place.  Comme trois à quatre cents femmes de l'époque, elle ira travestie en homme, un grand chapeau sur les yeux combattre sous le nom de Ash Thompson.

Elle s'entraînera et prendra le chemin de la guerre.  Un surnom et une chanson l'accompagneront ; "Gallant Ash" parce qu'elle aura grimpé au sommet d'un arbre, abandonnant sa veste à une jeune fille dont la chemise était déchirée.

On s'identifie très vite à elle dans la lecture, s'adressant à nous à la première personne et nous livrant une confession écrite des années après cette guerre.  Elle raconte son quotidien, la dureté de la guerre, la faim, les champs de bataille, les champs de cadavres.  Elle l'écrit dans des lettres à son bien aimé, en gardant en elle les images du bonheur, de sa ferme, le parfum du carré de menthe, son mari.

Les atrocités vécues nous sont livrées avec justesse et dureté atténuées par les descriptions de la nature décrite en finesse et poésie.  Très vite on craindra qu'elle soit démasquée.  C'est une femme de caractère et de courage notre Constance ou Ash,  un fin tireur qui sait ruser pour se tirer d'embarras.

Elle perdra son régiment et repartira en quête d'un chez elle, à la recherche de son régiment, de son amant...


Des personnes s'intéresseront à elle : le colonel, Neva Flatcher.... J'ai aimé mais dans le dernier tiers, je me suis un peu perdue...La magie des mots n'opérant plus à part entière, difficile de vous dire pourquoi, probablement parce que que j'aurais aimé cerner un peu plus ses motivations. Laird Hunt a voulu nous raconter plusieurs histoires de femmes ayant vécues la guerre de sécession, j'ai l'impression que des fils se sont emmêlés....


La plume est forte, puissante, intense. Les courts chapitres sont très forts. La description de l'horreur est nécessaire et juste, elle est ponctuée par des respirations poétiques, imagées, nostalgiques de la terre natale de Constance et cela fonctionne à merveille.




Ma note : 8.5/10

Les jolies phrases

Morte au monde comme un jour sans lumière et lente à revenir.

Si on passe assez de temps assis sur une chose on se met à être cette chose, et elle, elle se met à être vous.

On croit qu'on ne rentrera jamais et on se retrouve là à se demander si on est jamais parti!

Ce qui m'intéresse, dit-il, n'est pas votre motivation pour le service, car le service est à lui-même sa propre et digne réponse, mais l'habilité avec laquelle à vous seul, vous vous êtes extirpé de ce pétrin, vous et vos compagnons.

Les larmes montèrent le long de leurs canaux mais sans pouvoir se frayer un chemin à travers les couches de crasse qui avaient durci mon visage.

Où que l'on posât les yeux, ce n'étaient que blessés.  Toute la douleur de ce monde et du monde d'après.

Les autres iraient s'asseoir dans la cour offrir au vent la sagesse tirée de leur mauvaise fortune.

Je voulais juste me battre. Planter mon talon dans le sol, tenir bon et ne jamais m'enfuir.

On peut pas aller plus loin du monde que les frontières sinistres de l'au-delà.

Il y a l'abri et l'idée qu'on se fait d'un abri.  L'idée, vous pouvez bien vous réfugier dessous, vous vous ferez tremper quand même.

Vous ne ferez de mal à personne, dit la femme. Pas moyen. Pas ici. On ne peut plus avoir mal. On est au-delà de ça.  Peut-être que c'est nous qui allons vous faire du mal.

Le bruit d'une armée qui se prépare au sommeil est terrible.  Il est à la fois puissant et discret.  On ne peut pas aimer quelque chose  qui est les deux.




  

samedi 7 novembre 2015

Football Jean-Philippe Toussaint

FOOTBALL

Jean-Philippe Toussaint


Editions de Minuit
Grand Prix Sport et Littérature 2015
Parution : septembre 2015
Pages : 128
Prix : 12,50 €
ISBN : 9782707328984

Quatrième de couverture

Jamais, comme pendant la Coupe du monde au Japon en 2002, je n’ai éprouvé une aussi parfaite concordance des temps, où le temps du football, rassurant et abstrait, s’était, pendant un mois, non pas substitué, mais glissé, fondu dans la gangue plus vaste du temps véritable. C’est peut-être là l’enjeu secret de ces lignes, essayer de transformer le football, sa matière vulgaire, grossière et périssable, en une forme immuable, liée aux saisons, à la mélancolie, au temps et à l’enfance.


L'auteur nous en parle






Mon avis

Football et littérature sont les deux passions de Jean-Philippe Toussaint.  Je partage uniquement la seconde et j'ai pourtant pris un réel plaisir à la lecture de ce récit.

J'ai aimé la façon dont il parle du football en se basant sur quelques mots précis comme émerveillement, stades, maillot, télé-couleur, trophée, chauvin ... des souvenirs qui pour la plupart ramènent à l'enfance.

J'ai aimé lorsque la télé-couleur débarque et qu'avec ses copains, ils se rassemblaient devant les vitrines des grands magasins pour suivre un point se déplaçant et se perdant sur l'écran.

Dans la seconde partie, football rime avec Coupe du Monde tous les quatre ans.  On voyage avec lui au  Japon où il nous conte avec merveille comme toujours l'esprit et la culture du pays du soleil levant et sa vision du foot.

Sport qu'il a suivi à la radio, en live dans les stades, à la télé ou autre moment délicieux en streaming devant un pc, cette mésaventure m'a beaucoup fait rire.

Il en parle tellement bien que moi, qui ne suis pas foot du tout, j'ai compris l'instantané et les émotions qu'il pouvait procurer chez les supporters, le besoin de vivre l'instant présent en direct. Jean-Philippe Toussaint à travers ce récit nous fait également sentir sa nécessité d'écriture.

Un petit amour de lecture.  Un tout grand merci à Babelio et aux éditions de Minuit pour cette belle découverte.

Ma note : 9/10



Les jolies phrases

"Ensuite, tout au long du tournoi, le football berce nos heures, il rythme notre vie, la seconde, la jalonne, la ponctue, l'accompagne à distance, comme un soleil estival dont on ne remarque plus sa présence, tant sont réguliers les bienfaits qu'il nous apporte, tant sont constants les rendez-vous qu'il nous fixe. Il  y a des matchs tous les jours, en fin d'après-midi, le soir, dans la nuit. Vers la fin du tournoi, les rendez-vous s'espacent, imperceptiblement, pour attiser notre attente et aiguiser notre appétit.

Voilà, c'est aussi ça, le football, dans la réalité : mes larmes de petit garçon et le sol d'un terrain vague qui a la rudesse du réel.

...Il nous apporte une sorte de bien-être métaphysique qui nous détourne de nos misères et nous soustrait à la pensée de la mort.

Nous évoluons dans un monde abstrait et rassurant du football, nous sommes le temps que dure la partie, dans un cocon de temps.

Football et Japon, pourtant antinomiques - le tumulte et la quiétude, le feu et l'eau - se fondaient ensemble pour donner naissance à un élément nouveau.

Qu'est-ce que créer, aujourd'hui, dans le monde dans lequel nous vivons ?  C'est proposer, de temps à autre, dans un acte de résistance non pas modeste, mais mineur, un signal - un livre, une oeuvre d'art - qui émettra une faible lueur vaine et gratuite dans la nuit.

Contrairement aux périodes de ma vie où je n'écris pas, le nouveau projet, encore si peu avancé, encore si peu ébauché soit-il, devient l'aimant, ou l'amarre, où les milliers de substances nourricières que je glane autour de moi dans le monde extérieur viennent s'agglutiner comme les moules au bouchot, tandis que le nouveau livre, que fécondent ces apports accumulés, comme déjà à croître et à se propager dans mon esprit.




mardi 3 novembre 2015

Le testament de Marie Colm Toibin ♥♥♥♥♥

Le testament de Marie

Colm TOIBIN



Robert Laffont
Parution : 20 Août 2015
Format : 135 x 215 mm
Nombre de pages : 126
Prix : 14,00 €
ISBN : 2-221-13490-7
Traduit par 
Anna GIBSON



« C'est un livre court, mais aussi dense qu'un diamant. »
Irish Times


Présentation de l'auteur

Ils sont deux à la surveiller, à l'interroger pour lui faire dire ce qu'elle n'a pas vu. Ils dressent de son fils un portrait dans lequel elle ne le reconnaît pas et veulent bâtir autour de sa crucifixion une légende qu'elle refuse. Seule, à l'écart du monde, dans un lieu protégé, elle tente de s'opposer au mythe que les anciens compagnons de son fils sont en train de forger. Lentement, elle extirpe de sa mémoire le souvenir de cet enfant qu'elle a vu changer. En cette époque agitée, prompte aux enthousiasmes comme aux sévères rejets, son fils s'est entouré d'une cour de jeunes fauteurs de trouble infligeant leur morgue et leurs mauvaises manières partout ou ils passent. Peu à peu, ils manipulent le plus charismatique d'entre eux, érigent autour de lui la fable d'un être exceptionnel, capable de rappeler Lazare du monde des morts et de changer l'eau en vin. Et quand, politiquement, le moment est venu d'imposer leur pouvoir, ils abattent leur dernière carte : ils envoient leur jeune chef à la crucifixion et le proclament fils de Dieu. Puis ils traquent ceux qui pourraient s'opposer à leur version de la vérité. Notamment Marie, sa mère. Mais elle, elle a fui devant cette image détestable de son fils, elle n'a pas assisté à son supplice, ne l'a pas recueilli à sa descente de croix. À aucun moment elle n'a souscrit à cette vérité qui n'en est pas une.


L'auteur 




Nationalité : Irlande
Né(e) à : Enniscorthy, Comté de Wexford , 1955

Biographie :
Diplômé de l’University College de Dublin en histoire et anglais, il partit et vécut à Barcelone, après la mort de Franco, une ville sur laquelle il a ensuite écrit Hommage à Barcelone (1990). Revenu en Irlande, il travailla comme journaliste et voyagea en Amérique du Sud, particulièrement en Argentine.

C'est l'auteur de nombreux ouvrages de fiction et d'essais, tout comme il contribue à des journaux et des revues. Il a obtenu le prix E. M. Forster, en 1995, de l'American Academy of Arts and Letters. Il est membre d'Aosdána, une organisation irlandaise de promotions des arts. Il vit en Irlande.

Son premier roman, Désormais notre exil (The South, 1990), dont l'action se déroule en Espagne et dans l'Irlande rurale des années 1950, raconte l'histoire d'une Irlandaise qui quitte son mari et débute une relation avec un peintre espagnol. Il obtint le prix de l'Irish Times Irish Literature pour une première œuvre.

Son second roman, la Bruyère incendiée (The Heather Blazing 1992) a pour personnage principal Eamon Redmond, juge de la Cour suprême irlandaise, hanté par son propre passé et l'histoire récente de l'Irlande.

Son troisième roman, Histoire de la nuit (The Story of the Night 1996) se déroule en Argentine durant la guerre des Malouines. Son quatrième roman, le Bateau-phare de Blackwater (The Blackwater Lightship 1999) raconte les difficiles rapports entre une grand-mère, sa fille et sa petite-fille.

Le Maître (The Master, 2004) reconstitue la vie d'Henry James entre janvier 1895 et octobre 1899 (en français, chez Robert Laffont, 2005).

L'Épaisseur des âmes (Mothers and Sons, 2006), recueil de nouvelles autour de la relation mère-fils, paraît en France en 2008 (Robert Laffont).


Source Babelio
  L'auteur nous en parle






Mon avis

Marie de Nazareth est au bout de sa vie, deux visiteurs qui la surveillent (probablement les évangélistes Jean et Paul) l'interrogent continuellement sur son fils.  Ils veulent écrire l'histoire de celui dont ils ont compris qu'il a sauvé l'humanité.  Ils veulent lui faire dire des choses qu'elle ne dira pas sur sa mort.

Marie dans un long monologue nous racontera son fils, qu'elle ne nommera à aucun instant.  Elle nous racontera ses souvenirs, sa souffrance de mère qui a perdu le sommeil de chagrin et de tristesse depuis de nombreuses années.

Marie nous parlera de son petit garçon fragile et peureux.  Avec son regard de mère cartésienne, elle avait vu venir le danger et essayer de mettre en garde et sauver son fils qui pour elle provoquaient des attroupements d'égarés.

Mon fils, lui ai-je dit, a réuni autour de lui une bande d'égarés qui n'étaient que des enfants comme lui, ou des hommes incapables de regarder une femme dans les yeux.  De ces hommes qu'on voit sourire tout seuls, ou déjà vieux alors qu'ils sont encore jeunes. Aucun d'entre vous n'était normal.


 Elle nous parlera des "miracles", de la guérison du paralytique, de la résurrection de Lazare, des noces de Cana et du changement de l'eau en vin.  Elle n'a jamais approuvé la mise en danger de son fils, et a toujours refusé de céder à la facilité de la croyance de tout cela.  Elle nous parle avec son coeur de mère des tentatives de mise en garde de son fils pour le sauver sans succès.

A un moment il n'avait plus besoin d'elle et des distances se sont créées entre eux, c'est mon sentiment.

Elle nous conte le coeur déchiré, la mise à mort de son fils, elle n'épargne rien des horribles détails de sa mise à mort : couronnes d'épines, clous et l'horreur de la crucifixion.  J'ai ressenti son impuissance, cette douleur immense et les remords de la fuite inéluctable pourtant à la mort de son fils.

Un récit court mais dense de la douleur d'une mère qui veut à tout pris transmettre la VERITE.

Il n'est pas ici question de religion, que l'on soit croyant ou pas peu importe, ce récit est universel.

Une écriture puissante, envoûtante, limpide, d'une force et d'une violence incroyable.  Un livre qui ouvre  à la réflexion et qui témoigne on ne peut mieux de l'amour et de la douleur d'une mère.

Un nouveau coup de coeur de cette rentrée littéraire.

Merci à Netgalley et aux éditions Robert Laffont pour ce grand moment.


Les jolies phrases

La mémoire emplit mon corps autant que le sang et que les os.

Le poison n'était plus dans mon coeur.  J'ai regardé l'ancienne déesse, qui en a vu plus que moi, qui a souffert d'avantage parce qu'elle a vécu davantage.

Je sais qu'ils l'ont soigné et que c'était comme si une merveilleuse récolte avait été fauchée par le vent de la nuit, ou qu'une pestilence avait flétri les fruits des arbres ; le simple fait de mentionner son nom ou de s'enquérir de lui attirait le malheur.

C'était l'enfant à qui j'avais donné naissance, et voilà qu'il était plus vulnérable qu'il ne l'avait été même alors.

Or ce qui est étrange, et qui me paraît étrange encore après toutes ces années, c'est d'avoir été capable de me contrôler, de peser le pour et le contre, de regarder, immobile, et de savoir que c'était juste.

Les rêves appartiennent de façon solitaire à chacun d'entre nous, comme la douleur.