mardi 3 novembre 2015

Le testament de Marie Colm Toibin ♥♥♥♥♥

Le testament de Marie

Colm TOIBIN



Robert Laffont
Parution : 20 Août 2015
Format : 135 x 215 mm
Nombre de pages : 126
Prix : 14,00 €
ISBN : 2-221-13490-7
Traduit par 
Anna GIBSON



« C'est un livre court, mais aussi dense qu'un diamant. »
Irish Times


Présentation de l'auteur

Ils sont deux à la surveiller, à l'interroger pour lui faire dire ce qu'elle n'a pas vu. Ils dressent de son fils un portrait dans lequel elle ne le reconnaît pas et veulent bâtir autour de sa crucifixion une légende qu'elle refuse. Seule, à l'écart du monde, dans un lieu protégé, elle tente de s'opposer au mythe que les anciens compagnons de son fils sont en train de forger. Lentement, elle extirpe de sa mémoire le souvenir de cet enfant qu'elle a vu changer. En cette époque agitée, prompte aux enthousiasmes comme aux sévères rejets, son fils s'est entouré d'une cour de jeunes fauteurs de trouble infligeant leur morgue et leurs mauvaises manières partout ou ils passent. Peu à peu, ils manipulent le plus charismatique d'entre eux, érigent autour de lui la fable d'un être exceptionnel, capable de rappeler Lazare du monde des morts et de changer l'eau en vin. Et quand, politiquement, le moment est venu d'imposer leur pouvoir, ils abattent leur dernière carte : ils envoient leur jeune chef à la crucifixion et le proclament fils de Dieu. Puis ils traquent ceux qui pourraient s'opposer à leur version de la vérité. Notamment Marie, sa mère. Mais elle, elle a fui devant cette image détestable de son fils, elle n'a pas assisté à son supplice, ne l'a pas recueilli à sa descente de croix. À aucun moment elle n'a souscrit à cette vérité qui n'en est pas une.


L'auteur 




Nationalité : Irlande
Né(e) à : Enniscorthy, Comté de Wexford , 1955

Biographie :
Diplômé de l’University College de Dublin en histoire et anglais, il partit et vécut à Barcelone, après la mort de Franco, une ville sur laquelle il a ensuite écrit Hommage à Barcelone (1990). Revenu en Irlande, il travailla comme journaliste et voyagea en Amérique du Sud, particulièrement en Argentine.

C'est l'auteur de nombreux ouvrages de fiction et d'essais, tout comme il contribue à des journaux et des revues. Il a obtenu le prix E. M. Forster, en 1995, de l'American Academy of Arts and Letters. Il est membre d'Aosdána, une organisation irlandaise de promotions des arts. Il vit en Irlande.

Son premier roman, Désormais notre exil (The South, 1990), dont l'action se déroule en Espagne et dans l'Irlande rurale des années 1950, raconte l'histoire d'une Irlandaise qui quitte son mari et débute une relation avec un peintre espagnol. Il obtint le prix de l'Irish Times Irish Literature pour une première œuvre.

Son second roman, la Bruyère incendiée (The Heather Blazing 1992) a pour personnage principal Eamon Redmond, juge de la Cour suprême irlandaise, hanté par son propre passé et l'histoire récente de l'Irlande.

Son troisième roman, Histoire de la nuit (The Story of the Night 1996) se déroule en Argentine durant la guerre des Malouines. Son quatrième roman, le Bateau-phare de Blackwater (The Blackwater Lightship 1999) raconte les difficiles rapports entre une grand-mère, sa fille et sa petite-fille.

Le Maître (The Master, 2004) reconstitue la vie d'Henry James entre janvier 1895 et octobre 1899 (en français, chez Robert Laffont, 2005).

L'Épaisseur des âmes (Mothers and Sons, 2006), recueil de nouvelles autour de la relation mère-fils, paraît en France en 2008 (Robert Laffont).


Source Babelio
  L'auteur nous en parle






Mon avis

Marie de Nazareth est au bout de sa vie, deux visiteurs qui la surveillent (probablement les évangélistes Jean et Paul) l'interrogent continuellement sur son fils.  Ils veulent écrire l'histoire de celui dont ils ont compris qu'il a sauvé l'humanité.  Ils veulent lui faire dire des choses qu'elle ne dira pas sur sa mort.

Marie dans un long monologue nous racontera son fils, qu'elle ne nommera à aucun instant.  Elle nous racontera ses souvenirs, sa souffrance de mère qui a perdu le sommeil de chagrin et de tristesse depuis de nombreuses années.

Marie nous parlera de son petit garçon fragile et peureux.  Avec son regard de mère cartésienne, elle avait vu venir le danger et essayer de mettre en garde et sauver son fils qui pour elle provoquaient des attroupements d'égarés.

Mon fils, lui ai-je dit, a réuni autour de lui une bande d'égarés qui n'étaient que des enfants comme lui, ou des hommes incapables de regarder une femme dans les yeux.  De ces hommes qu'on voit sourire tout seuls, ou déjà vieux alors qu'ils sont encore jeunes. Aucun d'entre vous n'était normal.


 Elle nous parlera des "miracles", de la guérison du paralytique, de la résurrection de Lazare, des noces de Cana et du changement de l'eau en vin.  Elle n'a jamais approuvé la mise en danger de son fils, et a toujours refusé de céder à la facilité de la croyance de tout cela.  Elle nous parle avec son coeur de mère des tentatives de mise en garde de son fils pour le sauver sans succès.

A un moment il n'avait plus besoin d'elle et des distances se sont créées entre eux, c'est mon sentiment.

Elle nous conte le coeur déchiré, la mise à mort de son fils, elle n'épargne rien des horribles détails de sa mise à mort : couronnes d'épines, clous et l'horreur de la crucifixion.  J'ai ressenti son impuissance, cette douleur immense et les remords de la fuite inéluctable pourtant à la mort de son fils.

Un récit court mais dense de la douleur d'une mère qui veut à tout pris transmettre la VERITE.

Il n'est pas ici question de religion, que l'on soit croyant ou pas peu importe, ce récit est universel.

Une écriture puissante, envoûtante, limpide, d'une force et d'une violence incroyable.  Un livre qui ouvre  à la réflexion et qui témoigne on ne peut mieux de l'amour et de la douleur d'une mère.

Un nouveau coup de coeur de cette rentrée littéraire.

Merci à Netgalley et aux éditions Robert Laffont pour ce grand moment.


Les jolies phrases

La mémoire emplit mon corps autant que le sang et que les os.

Le poison n'était plus dans mon coeur.  J'ai regardé l'ancienne déesse, qui en a vu plus que moi, qui a souffert d'avantage parce qu'elle a vécu davantage.

Je sais qu'ils l'ont soigné et que c'était comme si une merveilleuse récolte avait été fauchée par le vent de la nuit, ou qu'une pestilence avait flétri les fruits des arbres ; le simple fait de mentionner son nom ou de s'enquérir de lui attirait le malheur.

C'était l'enfant à qui j'avais donné naissance, et voilà qu'il était plus vulnérable qu'il ne l'avait été même alors.

Or ce qui est étrange, et qui me paraît étrange encore après toutes ces années, c'est d'avoir été capable de me contrôler, de peser le pour et le contre, de regarder, immobile, et de savoir que c'était juste.

Les rêves appartiennent de façon solitaire à chacun d'entre nous, comme la douleur.






1 commentaire:

argali a dit…

Je suis contente qu'il t'ait plu. J'ai beaucoup aimé son récit d'une mère, meurtrie qui ne comprend pas le rôle qu'on veut lui faire endosser. Elle a perdu la chair de sa chair, non un leader, un prophète. Et cela fait toute la différence.
Bonne journée