mardi 12 avril 2016

La balade des pavés Sylvie Godefroid ♥♥♥♥♥



La balade des pavés


Sylvie Godefroid
La balade des pavés

Genèse éditions
Nombre de pages : 174
ISBN : 9782930585789
Format : 13,5 x 21
Parution : 14/01/2016
Format ePub : 12,99 €
Format Papier : 19,00 €


Présentation de l'éditeur


Préface de Barbara Abel


Lola ne dort plus depuis l’annonce d’une boule sous son sein. Alors elle sort de chez elle en pleine nuit. Les pavés de sa ville l’appellent. Une façon de se recentrer, de faire le point et de se préparer à des jours douloureux. De rencontres en rencontres, Lola voyage dans les quartiers d’une ville comme dans les coulisses de sa féminité, de ses orages anciens, de ses déchirures mais surtout, elle voyage dans un désir de plus en plus grand de vivre, de rire, de grandir !

La balade des pavés, c’est la balade d’une femme dans les couloirs d’un temps qui commence à compter. C’est la balade du courage et de l’amour. Ça pourrait être votre histoire.



Sylvie Godefroid est née à Charleroi en 1973. Après des études de communication à Bruxelles, elle s’investit dans le paysage culturel belge. Engagée à la SABAM (Société belge des auteurs, compositeurs et éditeurs) comme assistante de rédaction, elle évolue vers la création d’événements et le soutien à la littérature. Sylvie siège à la commission des Lettres (Wallonie-Bruxelles) depuis 2012. Son premier roman, L’Anagramme des Sens a été adapté au théâtre en 2015.


Mon avis

C'est à la Foire du Livre de Bruxelles que j'ai fait la connaissance de Sylvie Godefroid.  Il me tardait de lire son second roman : "La balade des Pavés".

Un titre intriguant.  Lola notre héroïne souffre d'insomnie, elle enfile alors ses bottines crème et part battre le pavé en quête d'apaisement car plus rien ne va plus dans sa vie depuis quelques jours.  On a découvert une petite boule sous son sein gauche.  On comprend son trouble.

Lola la chance est désarmée, elle doit accepter la situation qui la terrorise.  Elle marche au hasard des pavés de Bruxelles cherchant la paix.

Elle fera des tas de rencontres ; Emérance dans le tram, Jacqueline dans les Marolles... C'est bizarre mais c'est plus facile de parler, de se livrer à des inconnus.

Au fil de ses rencontres, elle se rend compte qu'elle n'est pas la seule à souffrir, chacun porte sa croix, ses peines.  Emérance et sa solitude ,  Polo le déchu qui a tout perdu, une mère meurtrie par la perte d'un enfant.... Non, Lola n'est pas seule.  Avec elle dans les divers quartiers de Bruxelles - une belle façon de (re)découvrir la capitale - elle va en rencontrant les autres, se découvrir elle-même.

Ces expériences partagées vont lui donner la force de se construire, de relativiser, de lâcher prise et de faire face à ses peurs bien légitimes.  Son combat contre le crabe sera féroce.

Un livre magnifique sur les relations humaines, l'amitié, le courage, un combat.  Un témoignage également sur l'image que l'on a de soi, sur la peur de la perte de féminité, sur le dialogue et l'affrontement de ses peurs.

Quelle émotion au final du livre.  Le combat c'est la vie.  Une plume très riche.  Chaque rencontre évoque un peu les nouvelles par la forme.  Cela m'a un peu déstabilisée au départ mais Sylvie Godefroid sait ce qu'elle fait car au final ce récit lumineux coule de source.

Très bel hommage à la vie que je vous conseille vivement.

Un coup de coeur.

Les jolies phrases

Il n'y a pas de hasards, il n'existe que des rendez-vous. De ceux qu'on prend et d'autres qu'on ne prend pas.

La théorie est mon domaine, la pratique mon illusion.

Je m'enfonce dans mille projets pour confondre mes questionnements et passer à travers le tissu de ma solitude sans en essuyer les revers.

La vie ne tient à rien?  Même pas à un fil.  Un jour, on est.  Le lendemain, plus rien n'existe.  Ne demeure que le souvenir qu'on peut avoir de nous.

La guerre contre le crabe ne souffre d'aucun délai.  L'état d'urgence est déclaré.

La balade des pavés soulage et libère mon esprit en meurtrissant mes pieds.

On bascule si vite de tout à rien quand la vie pèse du poids de l'inertie, quand les vertiges vous avalent.

Pour être sincère, je n'ai plus rien à dire. Plus rien à écrire. J'ai perdu le goût du mot en le trempant dans l'encrier de l'écoute.

Je recherche surtout l'apaisement dans le regard des autres, la légèreté des propos dans les rencontres libres qu'en d'autres circonstances je n'aurais pas permises.

Je me rends compte que plusieurs états se succèdent à l'annonce d'un cancer : le déni puis l'incompréhension puis la peur.  Ils débouchent sur la colère qui déborde, elle, sur un sentiment d'injustice en même temps que des orages intestinaux terrassent nos dernières forces.  Le corps affronte l'esprit dans un impitoyable combat, une course contre la montre s'inscrit en filigranes de nos actes les plus anodins. Comme si on avait peur de ne plus avoir de temps devant soi. Puis vient le temps de l'acceptation.  Puis l'esprit continue à rejeter le constat que le corps imprime en tumeur.  On a le sein qui saigne les maux d'une vie en péril.  Cette boule, on n'en veut pas.  Mais elle est là.  Faut faire avec.

Les mots sont des valises que l'on dépose.

Pleurez, Lola, pleurez tant que vous voulez.  Les larmes qui nous noient sont celles qu'on garde à l'intérieur.

Il faut s'aimer d'une grande intensité pour pouvoir s'engueuler librement.





3 commentaires:

Mina Merteuil a dit…

Au titre, j'étais persuadée qu'il s'agissait d'une histoire de guerre... Ce point de départ de rencontres au fil des pavés me plaît mieux finalement, j'imagine le beau chemin de combat qui doit être raconté. Je pense que le titre que je présente aujourd'hui (La nacelle turquoise d'Evelyne Wilwerth) pourrait te plaire aussi : trois rencontres de deux êtres esseulés, abîmés par la vie et rongés par un secret qui les fait souffrir.

Anonyme a dit…

Je le note pour plus tard !
Même si c'est lumineux, c'est un sujet qui revient beaucoupo ces derniers temps : c'est bien et en même temps c'est triste ...
Beau billet !

Anne a dit…

Ca doit en effet être une jolie manière de visiter Bruxelles.